Généticien, essayiste et président de la Ligue nationale contre le cancer, Axel Kahn a expliqué son attitude face à sa mort imminente, alors que «tout traitement à visée curative, ou même frénatrice, est désormais sans objet» contre le cancer avec lequel il se bat depuis plusieurs mois.
Dans un message-testament serein, il fait part de ses réflexions sur les dessous de la perception de la mort par diverses personnes mais dit être loin d’«exorciser» cette idée.
«Je vais mourir, bientôt», écrit-il, appelant à «dédramatiser» ce fait. «Or, je suis comme j’espérais être: d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir -je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu-, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt.»
Ces paroles font suite à l’annonce, sur France Inter, de la détérioration de son état de santé. Là, il a affirmé le 17 mai qu’il allait «mener un combat seul et essayer d'optimiser ce temps qui [lui] reste».
.@axelkahn président @laliguecancer : "J'aimerais que ma mort soit un chef d'oeuvre. Chaque minute aujourd'hui est occupée" #le79Inter pic.twitter.com/CnxVLAn5Rd
— France Inter (@franceinter) May 17, 2021
Invité sur BFM TV, le cancérologue s’est réjoui du fait qu’il a «bien vécu», soulignant pour autant qu’«aucun parcours n’est parfait» et qu’il ressent, raisonnablement, certains regrets.
«La mort ne me fait pas peur», a-t-il indiqué. «Elle m’aura avec un sourire ironique aux lèvres.»
Et de résumer son conseil aux malades «terrorisés»: «Je veux éloigner pour tous les autres qui malheureusement succomberont, il n’y a pas de terreur à avoir, on peut affronter la mort avec ce sourire ironique, pas avec joie, mais avec ce fatalisme, ce défi, et il y a des moments qui sont des moments de joie, de bonheur intense, alors même que l’on sait qu’on va mourir quelques semaines après», a-t-il dit. «C’est la fin de votre parcours, mais la fin de tous les parcours est délicate, il faut que vous exigiez que votre douleur soit soulagée.»
Cancers non diagnostiqués
Lors de la crise sanitaire, un décompte de la Ligue contre le cancer du Doubs a mis en évidence un nombre préoccupant de cancers non diagnostiqués. Jean-François Bosset, président départemental de la Ligue, a tenu à souligner, au mois d’avril, que les chiffres attendus étaient de 400.000 cancers (quelque 1.000 détections journalières). Or, un manque de 90.000 a été signalé en 2020:
«Ce sont des personnes qui n’ont pas été diagnostiquées et qui n’ont donc pas été traitées. Elles seront prises en charge plus tard, avec des stades de la maladie plus avancés», a mis en garde M.Bosset.