Le gouvernement espagnol a encore haussé le ton ce jeudi face au Maroc, accusé d' «agression» et de «chantage» par la ministre de la Défense après l'arrivée de plus de 8.000 migrants depuis lundi dans l'enclave espagnole de Ceuta.
L'afflux de ces migrants en provenance du Maroc voisin «est une agression à l'égard des frontières espagnoles mais aussi des frontières de l'Union européenne», dénonce Margarita Robles sur la radio publique, pointant un «chantage» de Rabat à qui elle reproche d'«utiliser des mineurs».
«Nous ne parlons pas de jeunes de 16, 17 ans», le Maroc a laissé passer des «enfants de sept ou huit ans, d'après ce que nous ont rapporté les ONG [...], faisant fi du droit international», vilipende la ministre.
L'image d'un bébé sauvé de la noyade par un agent de la garde civile espagnole a notamment fait le tour du monde, suscitant l'effroi sur les réseaux sociaux.
À travers ces déclarations de la ministre de la Défense, le gouvernement espagnol hausse encore le ton contre le Maroc, dont il avait convoqué l'ambassadrice en Espagne mardi pour exprimer son «mécontentement».
Le Premier ministre Pedro Sanchez a lui accusé mercredi Rabat «de manque de respect».
Arrivée massive
Depuis lundi, une marée humaine de plus de 8.000 candidats à l'exil, en très grande majorité des Marocains, a rejoint sans entrave le petit port espagnol à la faveur d'un relâchement des contrôles frontaliers de la part du Maroc.
Parmi eux, un nombre impressionnant de jeunes partis seuls ou d'enfants en bas âge, emmenés par leur famille.
Cette vague migratoire inédite a pour toile de fond la crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l'arrivée le mois dernier en Espagne, pour y être soigné, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.
Plusieurs ONG espagnoles et marocaines ont dénoncé le fait que ces mineurs se retrouvent victimes de la brouille entre les deux pays et s'inquiètent de les voir expulsés vers le Maroc.
Sur les plus de 8.000 migrants, 5.600 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon des chiffres donnés mercredi par les autorités espagnoles.
Réaction de l’UE
Durcissant le ton également contre Rabat, Bruxelles a assuré mercredi, par la voix du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, que «personne ne peut intimider ou faire chanter l'Union européenne [...] sur le thème migratoire».