«C’est une discrimination commerciale, une entrave à la liberté du commerce, tout simplement», tonne Nicolas Lemay au micro de Sputnik.
À l’instar du membre fondateur de leur fédération, plusieurs centaines de forains ont décidé de manifester, en organisant des opérations escargots ou des actions «péages gratuits», ce mercredi 19 mai partout en France.
Des dizaines de camions de forains sont au péage #Toulouse Nord #A62. Ils réclament la possibilité d'ouvrir à nouveau les fêtes foraines pic.twitter.com/PS3JiSmPiM
— La Dépêche 31 (@ladepeche31) May 19, 2021
L’objet de leur courroux? Le refus du gouvernement de les laisser rouvrir en même temps que les commerces et les lieux de culture. «Nous avons été ignorés, mis sur la touche, il y a une volonté de ne pas nous intégrer [au calendrier de déconfinement, ndlr]», vitupère Nicolas Lemay.
Une promesse pourtant faite «depuis de nombreux mois à la suite des réunions que nous avons eues avec les différents ministères», précise-t-il. Le porte-parole de la Fédération des forains de France rappelle ainsi que le Conseil d’État, saisi en janvier dernier, avait indiqué que, «dès que les conditions sanitaires le permettraient, les fêtes foraines devaient ouvrir en même temps que les lieux de culture».
Le gouvernement face à ses responsabilités
Or cette éventualité n’était même pas au programme jusqu’au mardi 18 mai. Poussé par la mobilisation des forains, le gouvernement a finalement officialisé un protocole d’ouverture à partir du 9 juin. Une prise de décision forcée et tardive que dénonce Nicolas Lemay: «Si nous n’avions pas manifesté, nous n’aurions pas eu ce protocole d’ouverture au 9 juin!»
Pourtant, cette perspective est bien loin de satisfaire les gens du métier. En cause, le manque de visibilité pour de nombreuses municipalités qui, faute de date officielle, ont d’ores et déjà annulé les fêtes foraines qui étaient prévues pour le mois de juin. Un manque à gagner lourd de conséquences pour de nombreuses familles.
«Une mairie a besoin de plusieurs semaines pour organiser une fête foraine. […] Les préfectures leur disent: “Écoutez… Dans le décret, elles ne sont pas autorisées… Donc, pour nous, il n’y en a pas.” À un moment donné, les mairies statuent durant les réunions du conseil municipal et disent que cette année on n’en fait pas», explique Nicolas Lemay.
Les forains se retrouveront donc dans une situation ubuesque: «L’État va nous donner l’autorisation de travailler, mais on n’aura plus de lieu pour le faire», déplore le membre de la Fédération des forains de France.
Pour la profession, c’est donc le sentiment d’injustice qui domine puisque Nicolas Lemay rappelle que, «en extérieur, les risques de contracter le Covid-19 sont quasi nuls», alors que «l’on autorise des événements en intérieur». En outre, il souligne que «80% des fêtes foraines se déroulent dans de petites communes, dans le milieu rural».
«Nous avons demandé que les petites fêtes foraines de moins de dix attractions maximum, avec les stands, puissent ouvrir. Nous ne sommes pas Disney, qui accueille en moyenne tous les jours 30.000 personnes, et où toute l’Europe se rejoint au même endroit.»
Autant d’éléments qui poussent l’organisation syndicale à déposer, ce mercredi 19 mai, un nouveau recours devant le Conseil d’État. «C’est une aberration contre laquelle on se bat aujourd’hui», conclut Nicolas Lemay avec une amertume qui n’émousse pas sa combativité.