Créée en 2012, la formation politique «Union des démocrates musulmans français» (UDMF) présente plusieurs listes dans les régions et départements français. Ainsi, comme le rapporte Lyon Mag, le candidat Farid Omeir a été investi dans la région Auvergne-Rhône-Alpes pour tenter de succéder à Laurent Wauquiez.
Issu du «monde associatif musulman» depuis près de 10 ans, il s’était déjà présenté aux municipales dans une circonscription de la métropole lyonnaise, obtenant 2,68% des voix, selon le magazine. Dans une vidéo de présentation sur YouTube, il déplore que le gouvernement «ferme des écoles musulmanes, des mosquées, parfois même des clubs sportifs sous des prétextes fallacieux» et entend y mettre fin.
C’est également ce que plaide Kamel Elahiar, candidat de l’UDMF en Bretagne, menant la liste «Tous unis contre l’islamophobie, agir pour ne pas subir». Un nom qui a fait réagir la tête de liste du Rassemblement national (RN) dans la région, Gilles Pennelle, évoquant une «liste communautariste». Le parti présente également des candidats dans de nombreux départements ainsi que dans cinq régions, dont l’Île-de-France.
Polémique
L’UDMF avait déjà fait parler d’elle lors des dernières élections municipales. En octobre 2019, Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, réagissait aux craintes de la droite sur des «listes communautaires», affirmant qu’elles n’existent pas. En mars 2020, la place Beauvau publiait pourtant une dizaine de listes avec ce qualificatif, sur plus de 20.000 au total.
La plupart des listes concernées sont «affiliées à l’Union des démocrates musulmans français qui, de longue date, fait figure d’épouvantail politique», écrivait Mediapart le 5 mars 2020. «Beaucoup de personnes buggent par rapport au mot musulman», décriait déjà en octobre 2019 sur BFM TV Nagib Azergui, fondateur du parti.
Quels objectifs?
«L'Union des démocrates musulmans français a été fondée suite au constat tragique que le «Musulman» était devenu un argument électoral majeur et récurent dans la vie politique de notre pays», explique le parti sur son site. Il assure par ailleurs qu’il n’est «pas un parti confessionnel réservé aux musulmans».
Cette année, l’UDMF base sa campagne sur le slogan «agir pour ne plus subir», visant le RN qui, selon lui, repose sur «la surenchère, la peur et le danger des musulmans». Dans ses dernières communications officielles, le parti affirme son soutien à la Palestine, s’oppose à la loi «séparatisme» et dénonce la «phobie des musulmans dans l’espace public» depuis l’assassinat de Samuel Paty.
Échec?
Comme l’indiquait Le Monde en juillet 2020, l’UDMF a jusqu’ici peiné à convaincre, même parmi les électeurs musulmans, puisqu’elle a récolté en moyenne 1,59% des voix là où elle était présente.
«Le fait que le communautarisme ne prenne pas dans le champ politique, à quelques exceptions près, démontre que les musulmans votent en fonction des mêmes problèmes que les autres citoyens», analyse pour le quotidien Haoues Seniguer, maître de conférences à Sciences Po Lyon.
Cependant, l’Union affirme avoir «marqué de [son] ADN le paysage politique français» et revendique «plusieurs milliers de sympathisants» gagnés au travers des élections municipales, départementales, régionales, et européennes, auxquelles elle a participé à chaque fois. «Et malgré que l'UDMF est encore petit, il est en train de faire véritablement peur aux plus grands des partis qui cherchent à l'interdire, à défaut, à le censurer», conclut-elle.