À bord de sa moto, ce jour-là à Douala, Roger Taleng prend la route du marché de Ndogpassi, un quartier situé à la sortie est de la ville. Casque à la tête et une caisse fixée à l’arrière de l’engin, ce collecteur de déchets électroniques a rendez-vous avec quelques vendeurs et réparateurs d’appareils électroniques.
«Généralement le matin, j’appelle quelques réparateurs d’appareils électroniques pour savoir s’ils ont des déchets stockés et moi mon travail est d’aller les récupérer sur place. Sur la route, je sensibilise également d’autres personnes pour qu’ils mettent à notre disposition leurs déchets», renseigne-t-il à Sputnik avant de prendre la route.
«Avant qu’est-ce qu’on faisait de ces déchets? On les mettait juste dans la poubelle pour les jeter à la décharge. Maintenant non seulement la FCTV vient les récupérer sur place, en plus nous sommes payés par kilogramme et enfin, l’environnement est protégé», confie-t-il heureux à Sputnik.
Une passion pour la protection de l’environnement
En effet, le kilogramme de cartes électroniques d’ordinateurs par exemple est acheté par l’association à près 3.700 francs CFA (5,64 euros), 12.000 francs CFA (18,28 euros) le kilo de ram d’ordinateurs, 100 francs CFA (0,15 euro) la pièce pour les processeurs de téléphone… De quoi motiver de nombreux autres collecteurs indépendants qui sillonnent la ville de Douala et ses environs à la recherche de ces résidus qui autrefois finissaient dans les poubelles, avant de les revendre, aux prix indiqués, à l'ONG.
Si le pays a déjà du mal à collecter les ordures ménagères qui inondent parfois les rues des principales villes, l’explosion technologique a généré la flambée des déchets électroniques. Les téléphones mobiles usagés, les cartes mères et les vieux ordinateurs jonchent de plus en plus les artères des cités ou finissent brûlés par les usagers. Une démarche, prévient Éric Martial Biyong, chef d’atelier de la FCTV, aux conséquences fâcheuses pour la santé et l’environnement.
«Ce qu’il faut savoir c’est que ces composants électroniques contiennent par exemple du plomb qui, une fois inhalé, peut altérer les capacités mentales et provoquer des troubles du comportement. Vous imaginez bien les dégâts que des composants comme le lithium, présent dans les batteries de téléphone, peut avoir sur les organismes vivants et la nature en général», souligne-t-il dans une déclaration à Sputnik.
Depuis 2016, date de début de cette activité, plus de 60 tonnes de déchets de téléphones en fin de cycle de vie et autres déchets électroniques ont déjà été collectées. Dans les détails, 12.137,50 kilos de déchets de téléphones mobile collectés en 2016, 12.213,74 kilos l’année suivante. 13.708,89 kilos collectés en 2018 et 14.938,6 kilos en 2019. En ce qui concerne les cartes électroniques des ordinateurs portables, 12.970,25 kilos ont été collectés depuis 2018.
«La prolifération des autres types de déchets et notre détermination pour la protection de l’environnement nous ont poussés à élargir l’activité autour des déchets issus des autres appareils électroniques», renseigne-t-il.