La quête des chercheurs pour trouver le meilleur moyen de détecter le coronavirus chez une personne est en pleine marche, et les fondateurs de la start-up néerlandaise InsectSense ont parié sur les insectes qui d’après eux peuvent nous aider dans la détection de ce nouveau virus.
Sputnik a parlé avec Aria Samimi, le directeur général d’InsectSense, qui a expliqué l’importance des abeilles dans cette démarche et comment la détection par les abeilles se fera une fois leur entraînement terminé.
Les abeilles dans le viseur et non les chiens
Alors que plusieurs pays ont mis l’accent sur les chiens et commencent à apprendre aux quadrupèdes, qui peuvent déjà détecter des explosifs ou des drogues, à déceler la nouvelle maladie, le fondateur d’InsectSense a réfléchi de façon non conventionnelle.
«J'avais auparavant travaillé avec des abeilles pendant plusieurs années dans différents pays. J'ai participé à un projet de recherche de mines terrestres avec des abeilles. Puis j'ai vu que les éducateurs canins travaillaient sur l’entraînement des chiens pour détecter le coronavirus et je me suis dit que nous pouvions faire la même chose avec les abeilles et que cela peut être aussi très rapide et très bénéfique pour les gens», relate Aria Samimi au micro de Sputnik.
Les abeilles ont des récepteurs olfactifs extrêmement sensibles, cette capacité les rend idéales pour la détection des composés organiques volatils (COV), qui pourraient être présents dans l'environnement dans des quantités extrêmement basses. Et alors que le coronavirus provoque un changement métabolique libérant une certaine odeur, les abeilles peuvent le capter après un bon entraînement.
Interrogé sur le mécanisme d’apprentissage des abeilles pour différencier des odeurs, Aria Samimi a expliqué qu’il s’agissait d’un «entraînement basé sur la récompense». Chaque fois que les abeilles de cette expérience ont senti l’odeur d’un échantillon infecté avec le coronavirus, elles ont reçu une récompense. Après un certain nombre de répétitions, les insectes ont associé cette odeur à la récompense et l’ont détectée pour obtenir leur prix.
D’après l’entrepreneur, «la formation des abeilles pour différencier les composés volatils peut être effectuée en quelques minutes, tandis que la détection prend quelques secondes».
«Elles apprennent tellement vite. C'est l'un des avantages par rapport aux chiens. Parce que lorsque vous formez un chien, vous avez besoin de trois à neuf mois d'entraînement, cela dépend du type d'entraînement, et puis finalement vous n'avez formé que quelques chiens. Mais vous pouvez former les abeilles facilement en quelques minutes et nous avons même construit une machine qui peut entraîner automatiquement plusieurs abeilles à la fois. Alors nous pouvons former des centaines d'abeilles même par jour», explique Aria Samimi.
Les chercheurs de la start-up ont développé un biosensor, baptisé BeeSense, qui intègre la capacité des abeilles à détecter des COV spécifiques.
«Les abeilles entraînées seront déployées dans ce dispositif. Et puis, nous allons tester la salive ou la respiration des gens ou des animaux et, ensuite, nous pouvons immédiatement faire la détection. Personne ne va même voir les abeilles, car elles seront à l'intérieur de ce capteur. Après cela, nous utiliserons notre propre système de surveillance pour voir le résultat», détaille le fondateur d’InsectSense.
Quand la mémoire courte est un avantage
Mémorisent-elles cette odeur pour toujours? La réponse est non. Néanmoins, l’interlocuteur de Sputnik a précisé que la mémoire courte des insectes, dans ce cas, est un avantage.
«Nous n'avons pas l'intention d'employer les abeilles pendant longtemps. Nous formons les abeilles, nous les déployons pour la détection, puis elles sont libres. Dans ce cas, leur mémoire courte nous suffit», indique-t-il.
Les différences principales de cette méthode
Questionné sur en quoi cette méthode de dépistage se différencie des autres et quelles particularités elle possède, Aria Samimi a évoqué la rapidité et l’accessibilité.
«L’une des différences est qu'elles sont super rapides. Une abeille entièrement entraînée peut détecter en quelques secondes, dans notre expérience elles ont répondu principalement en cinq secondes, ce qui est incroyable.»
En outre, il a parlé de tous les pays qui éprouvent des difficultés avec les matériels et des technologies, ce qui les empêchent de développer assez de tests ou d’autres moyens de dépistages, les abeilles sont le moyen le plus accessible dans ce contexte, selon lui.
En guise de conclusion, l’interlocuteur de Sputnik a affirmé qu’en plus de la détection du coronavirus, les abeilles et leurs aptitudes naturelles et uniques peuvent aussi dans le futur être utiles pour les gens dans des domaines tels que, par exemple, la détection d’explosifs, de drogues, d’autres maladies ou encore de la pollution.