Dans une interview accordée le 7 mai à La Voix du Nord, Éric Dupond-Moretti a annoncé sa candidature pour les régionales dans les Hauts-de-France, dans le département du Pas-de-Calais. Le ministre de la Justice ne dirigera pourtant pas la liste LREM, mais viendra en renfort à Laurent Pietraszewsksi, la tête de liste du parti macroniste.
Selon le garde des Sceaux, le but d’une telle décision est de tenter de faire barrage au Rassemblement national en rivalisant directement avec Marine Le Pen, candidate dans le même département. Comme la dirigeante du RN n’a pas voulu «discuter» avec M.Dupond-Moretti, alors il «viendra» à elle.
Interrogée par les journalistes sur ce sujet ce 8 mai, la présidente du RN et conseillère régionale des Hauts-de-France déclare que beaucoup de «forts en gueule» ont déjà tenté leur chance. Sans succès.
«Vous savez, j'ai vu beaucoup de forts en gueule venir ici, tenter de défier le Rassemblement national et opérer des rodomontades... Monsieur Tapie en son temps, Monsieur Mélenchon, et ils sont tous assez rapidement repartis plutôt humiliés par l'expérience», lance-t-elle, à l’issue de la cérémonie du 8 Mai à Hénin-Beaumont, fief du RN.
💬 "J'ai vu beaucoup de forts en gueule venir ici, ils sont tous assez rapidement repartis plutôt humiliés par l'expérience"
— BFMTV (@BFMTV) May 8, 2021
➡ Marine Le Pen réagit à la candidature d'Éric Dupond-Moretti aux régionales pic.twitter.com/GG1OnXDvda
«Maintenant l’obsession que monsieur Dupont-Moretti a à mon égard commence à devenir relativement étrange. Il paraît qu'il reste quelques bracelets anti-rapprochement en rab, je suis preneuse», ironise la femme politique.
«Chasser» le RN
En déplacement ce samedi à Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, M.Dupond-Moretti, originaire de la région, affirme vouloir «chasser» le RN de ces terres.
«Moi, je ne veux pas chasser sur les terres du Front national [ancien nom du RN, ndlr]. Je veux chasser le Front national de ces terres. J’y mettrai toute mon énergie», insiste-t-il auprès des journalistes, expliquant que ce parti est, pour lui, «mortifère pour la démocratie».
«Les gens qui ont élu Marine Le Pen dans sa circonscription d’Hénin-Beaumont doivent savoir qu’elle ne les représente jamais à l’Assemblé nationale puisqu’elle n’y est jamais», estime M.Dupond-Moretti. Selon le ministre, le RN représente une «objection pérennante» et jamais «une proposition».
Cette année, ce n’est d’ailleurs pas Marine Le Pen qui mènera la liste RN dans la région, mais Sébastien Chenu.
La rivalité dans les Hauts-de-France
Avec l’arrivée dans la région de cette candidature d’un poids lourd du gouvernement, la concurrence se fait plus sévère pour les régionales et les départementales dans les Hauts-de-France. Le président actuel de la région, l’ex-LR Xavier Bertrand, candidat à sa réélection, l’est aussi à la présidentielle 2022.
Pour Dupond-Moretti, Xavier Bertrand est «un adversaire» mais, contrairement à Marine Le Pen, «n'est pas un ennemi».
Les élections se tiendront les 20 et 27 juin.