Un adolescent de 15 ans a été placé en garde à vue à Senlis, suspecté de s’être rendu complice des tirs de mortier d’artifice dirigés contre le lycée André-Malraux, à Montataire, dans l’Oise, ciblant une conseillère principale d’éducation (CPE), relate Le Parisien.
Selon le parquet de Senlis, cité par le quotidien, celui-ci est «actuellement en garde à vue» et soupçonné de «fabrication d’un engin explosif, [de] tentative de dégradation par incendie, [et de] complicité de violences aggravées».
«Tiens, ça, c’est pour toi»
Les faits se sont produits jeudi 6 mai. Selon le Parisien, la CPE a observé depuis son bureau un groupe de «six à sept individus, tous porteurs de capuches et vêtus de noir, s’affairant autour d’un sac de courses posé au sol». Elle est sortie alors sur le parvis de l’établissement.
«Certains individus étaient munis de bouteilles contenant un liquide pouvant s’apparenter à du carburant, tandis qu’un autre était porteur d’un mortier d’artifice», a précisé le parquet. Ensuite, un individu se serait rapproché d’elle et aurait tiré dans sa direction en disant «Tiens, ça, c’est pour toi». La victime s’est décalée pour éviter le tir et a pris la fuite.
Selon une source policière, elle n’aurait pas été visée parce qu’elle est CPE. «Elle aurait aperçu un groupe préparer quelque chose et est sortie voir ce qu’il se passait. Eux se sont sentis repérés et ils ont tiré». D’après l’académie d’Amiens (Somme) et la préfecture de l’Oise, le proviseur adjoint a également été la cible de tirs mais n’a pas été blessé.
L'identité des auteurs inconnue
Une enquête a été ouverte. Pour le moment, il est impossible de connaître l’identité des personnes responsables. Pendant son audition, la CPE a expliqué ne pas pouvoir «identifier l’auteur ayant utilisé le mortier d’artifice».
En outre, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et consultée par une correspondante de l'AFP, plusieurs individus, vêtus de noir et se trouvant aux abords de l'établissement, accompagnent un homme, lui-même vêtu de noir et au visage dissimulé. Ce dernier procède à plusieurs tirs de mortier depuis le parvis de l'établissement.
Réactions indignées
Le recteur de l’académie d’Amiens, Raphaël Muller, et la préfète de l’Oise, Corinne Orzechowski, ont condamné cette attaque: «S’attaquer au service public de l’Éducation nationale est intolérable».
Au sein de l’École de la République, la sérénité des apprentissages est la condition de la réussite et de l’épanouissement des élèves. S’attaquer au service public de l’éducation est intolérable.
— Préfète de l'Oise (@Prefet60) May 6, 2021
De son côté, Jean-Pierre Bosino, maire de la commune, a déclaré condamner «avec fermeté ces actes irresponsables et intolérables». Pour l’élu: «En plus de mettre leur vie et la vie des autres en danger, cette poignée d’individus qui ne sont peut-être ni lycéens, ni Montatairiens, jettent le discrédit sur la jeunesse et notre ville, sur le lycée Malraux […]».
De plus, en déplacement à Orléans, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a dénoncé «une attaque scandaleuse», saluant «la réaction des équipes» et de la CPE qui «a eu tous les réflexes professionnels qu’il fallait».
Lycée visé par des tirs de mortiers: Jean-Michel Blanquer dénonce "une attaque scandaleuse" et salue "la réaction des équipes" pic.twitter.com/r6oRDk5Glc
— BFMTV (@BFMTV) May 7, 2021
Une meilleure sécurisation de l’établissement déjà demandée auparavant
Ce n’est pas la première fois que des violences ont lieu dans cet établissement. En novembre 2020, le personnel avait publié une vidéo retraçant les dernières émeutes de 2018, 2019 et 2020, et réclamant plus de moyens et une meilleure sécurisation de l’établissement.
«Le personnel du lycée exerce son droit de retrait afin de protester contre le manque de moyens. Avec cette vidéo, nous souhaitons alerter l’opinion publique sur cette situation qui n’est plus vivable», ont-ils annoncé dans la séquence publiée suite aux événements «violents et intolérables» survenus dans l’établissement.
Il s’agissait notamment de départs importants d’incendies, de dégradations de locaux, de jets de projectiles, d'agressions d’élèves physiques et verbales, de menaces envers certains élèves et enseignants.
Les employés ont créé une pétition pour demander plus de moyens «pour un établissement plus serein».