La Caroline du Sud va autoriser la peine de mort par peloton d'exécution. Elle deviendrait ainsi le quatrième État du pays à l’instaurer, rejoignant l'Oklahoma, le Mississippi et l'Utah. Une décision qui fait polémique alors que l'abolition de la peine de mort est une promesse de campagne de Joe Biden.
Le projet de loi a été adopté mercredi 5 mai par un vote de 66 contre 43 à la Chambre des représentants de l’État. Le Sénat avait déjà approuvé ce texte en mars, par 32 voix contre 11, et la Chambre des représentants n’y a apporté que des modifications techniques mineures. Ce texte doit maintenant être signé par le gouverneur républicain Henry McMaster.
En Caroline du Sud, qui a procédé à sa dernière exécution il y a 10 ans, le condamné à mort pourra ainsi choisir entre cette peine et la chaise électrique en cas de manque de drogues létales injectables, lesquelles resteront toutefois la principale méthode d’exécution.
«Notre État a fait un pas en arrière»
Les opposants à ce texte ont déploré cette nouvelle méthode d'exécution et le recours à la peine de mort en général. Le représentant démocrate Justin Bamberg s’est élevé contre l’adoption du projet de loi, affirmant que ceux qui ont voté pour sont eux-mêmes des bourreaux.
«Si vous appuyez sur le bouton vert à la fin de la journée et votez pour faire adopter ce projet de loi, hors de cet organe, vous pourriez aussi bien enclencher l'interrupteur vous-même», a-t-il déclaré.
Le leader démocrate à la Chambre des représentants, Todd Rutherford, s’est prononcé pour l’abolition de la peine capitale.
«Nous sommes en 2021. Nous devrions abandonner ces formes barbares de punition qui sont plus médiévales que modernes. Aujourd'hui, notre État a fait un pas en arrière et j'ai honte», a-t-il indiqué.
Today, the House passed a bill that brings back firing squads and the electric chair to conduct executions.@RepRutherford’s statement: pic.twitter.com/F0sCkbA8Ge
— SC House Democrats (@SCHouseDems) May 5, 2021
Une promesse électorale en attente
Les détracteurs de la peine de mort sont de plus en plus frustrés par le silence et l’inaction de Joe Biden qui a passé ses 100 premiers jours au pouvoir sans réaliser sa promesse électorale de mettre fin à la peine capitale, indique CNN.
Bien qu'il n'y ait pas eu d'exécutions fédérales ou étatiques depuis l'entrée en fonction de Biden, environ 2.500 hommes et femmes se trouvent dans le couloir de la mort dans les prisons fédérales et étatiques à travers le pays.
Ceux qui s’opposent à la peine de mort rappellent que, en l'absence d'un décret de la Maison-Blanche, tout État peut à tout moment programmer des exécutions, tout comme le ministère de la Justice peut décider de programmer la date de décès d'un détenu fédéral, poursuit la chaîne.
Les «graves inquiétudes» de Biden
Au cours des 100 premiers jours de son mandat, Joe Biden est resté concentré sur d'autres points de l'ordre du jour en signant des décrets pour renverser les politiques de son prédécesseur. Seuls les démocrates de Virginie ont promulgué une loi en mars abolissant la peine de mort dans l'État - le 23e État parmi les 50, mais le premier du sud, à le faire.
Cependant, le Président n'a pas abordé directement la peine de mort depuis son entrée en fonction bien que la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, ait déclaré en mars que Biden continuait d'avoir de «graves inquiétudes» au sujet de cette pratique.
Et ce malgré le fait que près de 100 procureurs, procureurs généraux et responsables de l'application de la loi, actuels et anciens élus, ainsi que des anciens avocats et juges du ministère américain de la Justice des États-Unis et une trentaine de membres du Congrès aient soumis en janvier des demandes à Joe Biden incitant à prendre des mesures.