Au lieu de multiplier les réactions politiques et d’instrumentaliser la police, il faut passer aux «vraies réponses» concernant la situation des forces de l’ordre en France, a déclaré Grégory Joron, secrétaire général délégué d'Unité SGP Police, suite à la mort d’un agent de 36 ans, père de deux enfants, tué par balle à Avignon le 5 mai.
«On a toujours les mêmes indignations politiques […]. De temps en temps, ce ne serait pas mal qu’on sorte de posture politique, il faut arrêter d’instrumentaliser la police, on n’est pas un outil électoral et on en a ras le bol de ça, clairement», a indiqué M.Joron sur LCI.
D’autres syndicats de police réclament aussi des actions et une prise de conscience «au-delà des mots politiques». «Payés pour servir, pas pour mourir», a déclaré Alliance-Police nationale, publiant une vidéo en hommage au policier tué à Avignon.
«Aujourd’hui on a besoin véritablement d’une prise de conscience réelle au-delà des annonces, au-delà des mots politiques», a indiqué Benoît Barret, secrétaire national section Province d’Alliance-Police nationale cité dans la vidéo.
Selon David-Olivier Reverdy, secrétaire national adjoint Province du même syndicat, le métier de policier est devenu très dangereux et il importe de protéger les forces de l’ordre:
«On ne cesse de le dire, de le réclamer: la protection de la justice, la protection de l’État pour ceux qui nous protègent, c’est-à-dire, nous, les forces de l’ordre».
«Un problème profond du respect de l’autorité de l’État»
Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police, a pour sa part déclaré à France info qu’après le «moment de l’émotion et du deuil doit venir le temps des solutions», puisqu’on assiste à un problème profond du respect de l’autorité de l’État. Ce problème concerne non seulement la police nationale, mais aussi la police municipale, les gendarmes, les pompiers, le personnel pénitentiaire, ainsi que les enseignants.
«Il faut que derrière le Beauvau de la sécurité, il y ait des actes concrets […]. La réponse pénale n’est pas à la hauteur de la gravité des faits auxquels les policiers sont confrontés. La justice doit faire preuve de la plus grande fermeté quand on touche à un représentant de l’État», a-t-il noté.
Il a rappelé que, depuis plusieurs années, il existait des quartiers où les forces de l’ordre avaient du mal à intervenir. Selon les statistiques d’Alternative Police, durant le premier trimestre 2021, «un policier tous les jours […] fait l’objet d’une agression» et il ne s’agit que des cas médiatisés.
«Il y a un problème et on ne peut pas le régler que par des discours et des bonnes volontés», a poursuivi M.Jacob.
Agents de police tués à Avignon et Rambouillet
Un agent de police de 36 ans, Eric Masson, a été tué par balle le 5 mai lors d’une opération anti-drogue dans le centre-ville d’Avignon. Il a été touché à l’abdomen et au niveau de la poitrine après qu’un vendeur de stupéfiants lui a tiré délibérément dessus à deux reprises. Le policier a succombé quelques minutes plus tard, malgré les premiers soins prodigués par le SAMU.
Le suspect a pris la fuite en trottinette. L’enquête sur ce meurtre a été confiée à la brigade criminelle du SRPJ de Montpellier.
Le 23 avril, un ressortissant tunisien de 36 ans titulaire d'une carte de séjour a tué à coups de couteau Stéphanie Montfermé, une agente du commissariat de Rambouillet. L'attaque a été perpétrée dans le sas de sécurité où l'assaillant s'est engouffré derrière elle, après avoir fait des repérages et des allées et venues devant le commissariat. Pendant l'attaque, il a crié «Allahu Akbar» selon des témoins, et porté à la victime deux coups de couteau, l'un à l'abdomen et l'autre à la gorge, avant d'être tué sur place par deux tirs d'un policier.