L'Assemblée nationale a été, le 4 mai, le théâtre d’une polémique autour du documentaire sur les fêtes de Jeanne d'Arc à Orléans. Celui-ci s’est vu refuser la diffusion par France 3 Centre-Val de Loire. Principale raison: la présence au générique d’une journaliste de Valeurs actuelles Charlotte d’Ornellas. La députée Les Républicains (LR) du Loiret Marianne Dubois a donc interrogé le Premier ministre à ce sujet, relate France Bleu.
«Trouvez-vous normal, monsieur le Premier ministre, que France 3 décide de ne pas honorer son engagement de diffusion au motif que l'une des voix off du film est une journaliste jugée trop à droite?», a-t-elle demandé.
Dénonçant "une insidieuse police de la pensée" suite à l'annulation de la diffusion d'un documentaire sur les fêtes de Jeanne d'Arc, @duboismarianne (LR) demande au Gvt de "faire respecter la mémoire des femmes et des hommes qui ont fait l'Histoire de France".#DirectAN #QAG pic.twitter.com/wkMfiwFBCg
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) May 4, 2021
Et de rappeler que le maire d'Orléans avait fait savoir que la mairie diffusera son film, financé à hauteur de 25.000 euros, sur le site Internet de la ville.
Un comportement «choquant»
Mme Dubois a aussi dénoncé une «censure» et «une insidieuse police de la pensée». Selon la députée, ce comportement de la chaîne publique est «choquant».
«Le service public n’est plus sous le contrôle du ministère de la Culture» en vertu d’une loi de 1986, lui a répondu la ministre de la Culture et de la Communication Roselyne Bachelot. C’est pourquoi «le contrôle et la sanction sont confiés à une autorité administrative indépendante, le Conseil supérieur de l’audiovisuel» (CSA), a-t-elle rappelé. «Il n'appartient pas au gouvernement et encore moins au ministère de la Culture de commenter les déclarations de France Télévisions», a réitéré la ministre.
En réponse, Marianne Dubois a reproché à Mme Bachelot de «se défausser».
Des menaces reçues
Après la polémique sur le documentaire, le directeur de France 3 Centre-Val de Loire a reçu «des centaines de menaces et insultes», dont des menaces de mort, par courrier, par mail, ou sur les réseaux sociaux. Par conséquent, la chaîne va porter plainte, a fait savoir mercredi France Bleu, citant un porte-parole de France Télévisions.
De nombreux élus ont jugé qu’un déchaînement de haine avait été suscité par les propos du maire d’Orléans Serge Grouard sur la chaîne CNews.
Ainsi, la députée La République en marche (LREM) du Loiret Caroline Janvier a exprimé, dans un communiqué, son soutien à la direction régionale de France Télévisions et à ses journalistes: «ces attaques nominatives répétées contre un journaliste, un responsable médiatique, ne sauraient être tolérées dans une démocratie».
Mise au point. #FetesJeannedArc pic.twitter.com/MDK5z82Ul0
— Caroline Janvier (@CarolineJanvier) May 5, 2021
Pour sa part, le groupe Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes (RCGE) au conseil municipal d’Orléans «apporte son soutien à la rédaction et au directeur de France 3 Centre-Val de Loire». Ils assurent la chaîne et son équipe «de leur attachement à l’indépendance des médias».
🔴 Communiqué : le groupe RCGE apporte son soutien à la rédaction et au directeur de @F3Centre pic.twitter.com/UTVTVHfKWR
— Groupe RCGE Orleans (@GroupeRcge) May 6, 2021
Le député du Mouvement démocrate Richard Ramos s’est lui aussi rangé du côté des partisans de France 3 et demande à Serge Grouard, dans un communiqué, «de bien vouloir s’exprimer afin d’apaiser ce climat de violence et peut-être empêcher un drame à venir».
⭕️ Réaction du député Richard Ramos @_richardramos aux menaces de mort proférées à l’encontre de notre confrère de @F3Centre et aux propos irresponsables tenus par Serge Grouard et @PascalPraud sur @CNEWS ⤵️ pic.twitter.com/LoccUUmp6c
— MouMou (@CallGate74) May 5, 2021
Les sections locales du Parti socialiste et du Parti communiste se sont jointes à cette vague de soutien à France 3.
Le film consacré aux fêtes johanniques, qui se déroulent du 29 avril au 8 mai, a été produit en raison des restrictions sanitaires qui empêchent d’accueillir du public, alors que généralement, la fête réunit des dizaines milliers de personnes venues de toute la France.