Le média en ligne Meduza, qui a été reconnu comme un «agent étranger», opère en Russie comme un média à part entière, a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, dans une interview diffusée sur la chaîne YouTube de Sputnik. Et ce alors que RT et, justement, Sputnik, font l’objet de discriminations dans certains pays occidentaux.
Le 23 avril, le ministère russe de la Justice a ajouté Meduza à la liste des médias exerçant les fonctions d'«agent étranger». Selon le ministère, cette décision a été prise «en application de la loi» contre la société, enregistrée en Lettonie.
«Pour nous, Meduza est resté un média de masse. Ils envoient des questions et nous répondons. Ils appellent et nous décrochons. Dans ce sens, nous ne faisons absolument pas de discrimination à leur encontre. Cela fait-il longtemps que les responsables américains sont apparus sur RT et Sputnik? Oui. Et ils ne cachent même pas qu'ils ne le feront pas», a déclaré ce 1er mai la porte-parole.
Elle a souligné que dans de nombreux pays occidentaux, il n'y avait pas seulement une interdiction pour les fonctionnaires de communiquer avec RT et Sputnik, mais que certaines personnes étaient soumises à de réelles persécutions pour avoir coopéré avec eux.
Maria Zakharova a noté que les lois russes étaient beaucoup plus souples que celles américaines.
Classés comme des «agents étrangers» aux USA
Washington avait exigé que les prestataires de services des médias russes, la chaîne RT America et le portail Internet Sputnik, soient enregistrés aux États-Unis en tant qu'«agents étrangers» face aux accusations d’être des armes de propagande et d’ingérence dans la présidentielle américaine de 2016.
RT America s'est vu obliger de s'enregistrer en novembre 2017 en tant qu'«agent étranger» aux États-Unis à la demande du département de la Justice, conformément au Foreign Agents Registration Act (FARA), une loi de 1938. La rédactrice en chef de Sputnik et de RT, Margarita Simonian, avait indiqué que RT America était catégoriquement contre cette exigence, mais qu'elle la respecterait pour éviter d'être interdite dans ce pays.
Plus tard, la société américaine Multicultural Radio Broadcasting Inc. (MRBI), qui diffuse les émissions radio de Sputnik en modulation d'amplitude (AM), a reçu un avertissement du département de la Justice qui a menacé l'entreprise de l'obliger à s'enregistrer comme «agent étranger» et a exigé qu'elle fournisse des informations supplémentaires concernant son activité.
Des attaques en Europe
En Europe aussi RT et Sputnik font l’objet de discriminations. Ainsi, en France, Benjamin Griveaux, ex-porte-parole du gouvernement, avait déclaré en octobre 2018 refuser d'accueillir ces deux médias dans la salle de presse de l'Élysée.
«Ce ne sont pas des organes de presse. C'est de la propagande financée par un État étranger», avait-il justifié.
«Notre patience n'est pas infinie», avait réagi Maria Zakharova en évoquant le manque de preuves lié aux accusations de propagande dans l’Hexagone.