Alors que les essais des vaccins sur les enfants sont en cours, de plus en plus de personnalités parmi les autorités et les soignants se prononcent pour cette mesure afin de freiner la circulation du virus.
«C’est évidemment l’objectif recherché», confirme dans une interview accordée au Parisien Frédéric Rieux-Laucat, directeur de recherche à l’Inserm-Institut Imagine.
Les appels à vacciner les mineurs se multiplient surtout après la modélisation de l’Institut Pasteur sur la nécessité d’immuniser 90% des adultes pour revenir à une vie normale à l’automne. Estimant qu’il est peu probable que cette proportion soit atteinte, M.Rieux-Laucat propose d’élargir la campagne de vaccination. Une idée qui fait écho à une autre simulation de l’Institut Pasteur misant sur la vaccination «de 60% à 69% chez les 0-64 ans».
«C’est pourquoi inclure les plus jeunes est nécessaire. De plus, s’il reste des réservoirs d’individus non protégés, l’épidémie pourra redémarrer à la faveur de nouveaux variants. Ils se répandront alors plus facilement. Pour espérer casser l’épidémie, il faut donc vacciner les enfants et les ados.»
Pour lui, l’objectif est plutôt de «freiner la transmission du virus» que la protection des jeunes, car le développement de formes graves est «extrêmement rare» chez eux, excepté «ceux qui souffrent de maladies chroniques et génétiques». De plus, les effets secondaires doivent être les mêmes que chez les adultes, poursuit-il.
«C’est un scénario qui est sur la table», avait confirmé le 11 avril au micro d’Europe 1 Agnès Pannier-Runacher, ministre délégué à l’Industrie, et ce alors que le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale Alain Fischer avait jugé «logique de vacciner les enfants» pour créer une immunité collective.
Certains obstacles
Il existe cependant plusieurs contraintes à cette initiative. Tout d’abord, le calendrier gouvernemental ne la prévoit pour l’instant pas. Ensuite, une autorisation des médicaments après la fin des essais est nécessaire. Enfin, la question de l’approvisionnement se pose, «un problème majeur», avance le directeur de recherche.
Pour l’heure, la France ne connaît pas de pénurie de doses, mais constate ces derniers jours l’augmentation du nombre de rendez-vous disponibles, raison pour laquelle le début de la vaccination pour les plus de 50 ans, prévue le 15 mai, pourrait être anticipé, selon Olivier Véran.
Si le calendrier des livraisons est maintenu, près de 71 millions de doses devraient être disponibles en France d’ici fin juin, d’après l’Institut Pasteur. Cela représente une couverture vaccinale de 73% à 76% de la population adulte. En outre, la première partie des 7,5 millions de doses supplémentaires du vaccin Pfizer a déjà été fournie, alors que la totalité du lot doit être livrée d’ici la fin du deuxième trimestre.
Les essais des vaccins de Pfizer et de Moderna sur les enfants sont en cours aux États-Unis, alors que ceux d’AstraZeneca ont été suspendus suite à la détection de cas de caillots sanguins chez des personnes adultes. Pfizer a l’intention de déposer une demande d’autorisation pour l’utilisation de son médicament chez les enfants, dont le traitement devrait être suivi de décisions par pays.
Au 28 avril, le nombre de personnes ayant reçu une dose de vaccin en France s'élevait à près de 15 millions, et environ six millions de personnes avaient reçu deux injections, a fait savoir la Direction générale de la santé.