«Pourquoi les Occidentaux continuent-ils de mettre la pression sur la Syrie? On n’a plus rien, ni électricité, ni pétrole, ni eau. Foutez nous la paix, on ne demande que ça!» nous confie un cadre du parti Baas, principale force politique en Syrie.
Et pour cause, le Royaume-Uni, la France et les États-Unis s’obstinent dans leurs politiques de pressions à l’égard de Damas. Au cours d’une session mensuelle du Conseil de sécurité sur la Syrie le 28 avril, Londres, Washington et Paris ont renouvelé leur refus catégorique de reconnaître le résultat de l’élection présidentielle syrienne qui se tiendra le 26 mai prochain.
🇸🇾 Alors que Bachar El-Assad a déposé aujourd'hui sa candidature pour l’élection du 26 mai, les Syriens ont appris qu’une avocate, inconnue au bataillon, se présentait à la présidentielle. Faten Nahar pourrait être la première femme à disputer cette é... https://t.co/DEn2l6CRun
— Courrier inter (@courrierinter) April 21, 2021
«La France ne reconnaîtra aucune validité aux élections prévues par le régime fin mai», a ainsi déclaré Nicolas de Rivière, ambassadeur français à l’Onu. Son homologue britannique, Sonia Farrey, a de son côté affirmé que «des élections en l’absence d’un environnement sûr et neutre, dans un climat de peur permanente, lorsque des millions de Syriens dépendent de l’aide humanitaire […] ne confèrent pas de légitimité politique, mais manifestent plutôt un mépris pour le peuple syrien.» Après 10 ans de conflits en Syrie, les pays occidentaux campent sur leurs positions. Celles d’une opposition catégorique à Bachar el-Assad.
Bachar, candidat à sa réélection
Pour sa part, la Russie déplore les «ingérences inadmissibles dans les affaires intérieures de la Syrie» et juge «affligeant que certains pays rejettent l’idée même de cette élection», qu’ils ont d’ores et déjà déclaré «illégitime». Des déclarations qui illustreraient l’entêtement de l’Occident, à en croire notre source locale, qui a souhaité conserver l’anonymat. Et qui, surtout, lui fait craindre le pire:
«Il faut prendre au sérieux ce genre de déclaration. Ça veut dire que l’Occident n’a pas dit son dernier mot avec la Syrie. Mais ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que la grande majorité des Syriens vivant en Syrie soutiennent le Président Bachar el-Assad.»
Les Occidentaux versent 5 milliards pour les réfugiés syriens
En effet, Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des États-Unis à l’Onu, a déclaré que des mesures devaient être prises pour «une participation des réfugiés, des personnes déplacées et de la diaspora à toute élection syrienne.» Un argument entendu: l’opposition syrienne se trouve à l’étranger. Dès 2012, ces mêmes pays avaient reconnu cette opposition comme étant «la seule représentante du peuple syrien.»
«Les Occidentaux auraient voulu que Bachar finisse comme Saddam ou Kadhafi. Aujourd’hui, ils se parent des principes des droits de l’homme en misant sur les réfugiés», accuse notre interlocuteur, avant d’enfoncer le clou: «Mais nous, Syriens, on connaît la réalité: ils nous affament pour des raisons politiques.»
Faute de pouvoir s’immiscer directement en Syrie, les pays occidentaux programment effectivement des conférences internationales pour venir en aide aux réfugiés dans les pays d’accueil. Le 30 mars dernier, l’Union européenne a organisé une réunion à Bruxelles, permettant de récolter pas moins de cinq milliards de dollars. Une initiative qui révolte les Syriens restés sur place, affirme le cadre du parti Baas: «pourquoi ils ne donnent pas ces cinq milliards pour reconstruire le pays qu’ils ont détruit? Après le militaire, ils nous asphyxient par l’économie.»
Les Russes et les Chinois s’intéressent à la reconstruction de la Syrie
«La guerre est pratiquement finie. On voit des entrepreneurs chinois et russes s’intéresser à des projets de reconstruction. Les arrivées de convois en provenance d’Arabie saoudite et des Émirats sont de plus en plus régulières. Mais aujourd’hui, les sanctions empêchent les projets de voir le jour», souligne l’homme politique local.
Moscou s’active sur ce sujet. En mars dernier, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, était en tournée dans le Golfe pour inciter aux investissements et à la reconstruction de la Syrie. Un besoin vital d’investissements que les Occidentaux semblent minorer.
«L’Occident se voile la face, il ne veut pas admettre que la Syrie de Bachar el-Assad a gagné la guerre, avec l’Iran et la Russie. Il est dans le déni de la réalité», tacle-t-on du côté des partisans de Bachar el-Assad.
Après une décennie de conflit, la politique occidentale sur le dossier syrien n’a, semble-t-il, pas bougé d’un iota.