Pour le Kremlin, l’exclusion de Moscou du réseau bancaire international SWIFT, qu’évoque la résolution du Parlement européen adoptée ce 29 avril, n’est qu’une «hypothèse». Interrogé ce jeudi par la chaîne de télévision russe Pervy Kanal, le porte-parole du Kremlin assure que le cas échéant, Moscou trouvera «très vite» des remplaçants à ce système.
«Si SWIFT en tant que service montre son manque de fiabilité [...], nous vivons dans un monde tellement développé que des analogues, des substituts à ce système, seront trouvés très rapidement», souligne le porte-parole de la présidence russe Dimitri Peskov.
De plus en plus souvent évoquée depuis l’instauration le 15 avril par Washington d’un nouveau paquet de sanctions antirusses à caractère financier, l’hypothèse a de nouveau été remise sur la table dans une résolution adoptée ce jeudi 29 avril par les députés européens. Cependant, le document du Parlement européen a valeur de recommandation.
«La Russie est un pays autosuffisant [...]. Il est impossible de limiter la Russie en quoi que ce soit», poursuit M.Peskov, faisant écho à la récente interview du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Interrogé par Sputnik le 28 avril, le ministre des Affaires étrangères a confirmé que la Banque centrale russe avait mis en place et continuait de développer son propre système de transmission de données financières.
Résolution du Parlement européen
Le Parlement européen a voté le 29 avril la résolution «sur la Russie, le cas Alexeï Navalny, la concentration de troupes à la frontière ukrainienne et les attaques russes contre la République tchèque», dont la proposition est disponible sur le site de l’institution européenne.
L’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT figure parmi les sanctions proposées par les eurodéputés en cas de transformation du «déploiement militaire» russe actuel près de la frontière ukrainienne en vue d’une «invasion» de l’Ukraine. Néanmoins, selon le haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, cette mesure n’est pas facile à mettre en œuvre, l’UE ne disposant pas des compétences nécessaires pour déconnecter la Russie de l’organisation privée internationale qu’est SWIFT.
Qui plus est, dans le cadre de la réduction de la «dépendance» de l’UE à l’énergie russe, le Parlement européen invite «dès lors les institutions de l’Union et tous les États membres à stopper la réalisation du gazoduc Nord Stream 2 et à demander l’arrêt de la construction de centrales nucléaires controversées par Rosatom».
Moscou a à plusieurs reprises déclaré qu’il pouvait déplacer ses troupes sur son territoire comme bon lui semblait.
SWIFT
SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), fournisseur mondial de services de messagerie financière sécurisés, a été mis en place en 1973. D’après son site, aujourd’hui, ce système est une infrastructure financière mondiale, présente sur tous les continents et dans plus de 200 pays et territoires. Le réseau dessert plus de 11.000 institutions à travers le globe.
Il est à noter que l’Iran a déjà été coupé de ce système de paiement en 2018, suite au rétablissement des sanctions américaines contre Téhéran. À l’époque, Bruxelles avait regretté cette décision. Un nouveau dispositif, Instex (Instrument in Support of Trade Exchanges), destiné au commerce entre les pays européens et la République islamique, avait été mis en place en 2019 par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Cependant, son efficacité est souvent jugée comme limitée.