On pourrait désormais s’attendre à des accusations sur l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand en 1914, a déclaré ce mercredi 28 avril le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, commentant les déclarations de Sofia sur l’éventuelle implication de Moscou dans des explosions en Bulgarie.
«Encore heureux qu’on ne nous accuse pas d’avoir fait assassiner l’archiduc François-Ferdinand, mais apparemment cela va venir», a indiqué M.Lavrov à l’issue d’entretiens avec son homologue mexicain à Moscou.
L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, héritier de l'Empire austro-hongrois, le 28 juin 1914 à Sarajevo, est considéré comme l’élément déclencheur de la Première Guerre mondiale.
Des informations cachées depuis des années?
Selon M.Lavrov, la Bulgarie a l’air d’avoir décidé de surpasser la République tchèque lorsqu’elle affirme que des Russes seraient impliqués dans l’organisation de plusieurs explosions survenues dans des entrepôts d’armes entre 2011 et 2020.
«Soit la Bulgarie ne savait rien ces dix dernières années, soit elle a subitement décidé de surpasser les Tchèques et de plonger plus profondément dans la rétrospective historique, après que Prague s’est souvenu d’événements de 2014, soit les Bulgares savaient tout dès le début, mais n’en parlaient pas pour certaines raisons», a échafaudé le ministre.
En mars, Sofia a déclaré deux diplomates russes personae non gratae. Un mois plus tard, le 20 avril, le ministère russe des Affaires étrangères a, lui aussi, expulsé deux employés de l’ambassade bulgare à Moscou.
Commerce d’armes en Europe: Bruxelles devrait enquêter
M.Lavrov a appelé l’Union européenne à enquêter sur le respect par ses membres des obligations concernant le commerce d’armes.
«Je crois que l’UE doit néanmoins s’occuper de la situation en République tchèque et en Bulgarie où des hommes d’affaires sont impliqués dans le commerce et le stockage d’armes et de munitions. Et l’UE doit répondre à la question que nous avons posée, à savoir dans quelle mesure elle contrôle le respect par ses membres des obligations découlant de divers documents dans le domaine du commerce des armes», a estimé le ministre.
À son avis, Bruxelles doit expliquer à la communauté internationale le lien entre la participation de sociétés privées au commerce d’armes en Europe et les conventions et traités internationaux que les membres de l’UE ont tous signés.
Accusations de Sofia concernant des explosions
La Bulgarie soupçonne six ressortissants russes d’être impliqués dans quatre explosions survenues en 2011, 2015 et 2020 dans des usines et dépôts de munitions, a annoncé ce mercredi 28 avril Siyka Mileva, porte-parole du procureur général du pays, lors d’une conférence de presse.
Aucune des explosions n’a fait de morts. Les causes des incidents n'ont pas encore été établies, précisent les médias locaux.
Selon Mme Mileva, les explosions ont détruit des produits appartenant au marchand d’armes bulgare Emilian Gebrev «qui étaient destinés à être livrés en Géorgie et en Ukraine». La justice bulgare accuse en outre trois des six Russes en question de tentative de meurtre sur la personne de M.Gebrev au printemps 2015.
«L’enquête a établi que six citoyens russes séjournaient en Bulgarie aux alentours des dates des explosions et de la tentative d'assassinat d'Emilian Gebrev», note le parquet bulgare, cité par les médias.
Le dépôt tchèque incendié aurait aussi abrité aussi des munitions de Gebrev
En avril, la République tchèque a accusé Moscou d’implication dans les explosions du dépôt de munitions de Vrbetice en 2014. Elle a en outre expulsé plusieurs dizaines d’employés de l’ambassade russe qui, selon Prague, seraient liés aux services secrets.
Selon le New York Times, le marchand d’armes bulgare Emilian Gebrev a confirmé qu’il avait stocké des munitions dans les dépôts de Vrbetice et a avoué avoir livré des armes en Ukraine lors du conflit dans l’est du pays en 2014.
Le Président tchèque, Zeman, a reconnu qu’il n’y avait pas de preuves de l’implication d’agents secrets russes dans les explosions de Vrbetice et a jugé possible que le scandale diplomatique actuel soit un «jeu des services secrets».