Après le dernier attentat djihadiste en France, Emmanuel Macron a tweeté: «Du combat engagé contre le terrorisme islamiste, nous ne céderons rien.»
«Il peut y avoir une dimension géopolitique, même si elle n’est pas systématique. L’islamisme est une forme de politisation exacerbée de l’islam. Il faut distinguer l’islamisme légaliste, qui respecte les lois, et l’islamisme radical, qui s’inscrit contre les lois. S’agissant de la dimension géopolitique, il peut y avoir un arrière-plan international. Je pense notamment aux attentats du 13 novembre 2015. Chronologiquement, ces attentats faisaient suite au bombardement des positions de l’État islamique* par la France en Syrie et en Irak. Mais on ne peut pas sensément réduire la causalité de l’acte violent à une intervention armée de la part de la France.»
Peut-on dire qu’il y a ingérence étrangère en ce qui concerne les attentats par le biais de financements étrangers? Si Haoues Seniguer convient qu’il peut y avoir interaction entre le national et l’international, aucun pays ne finance directement des opérations terroristes. En revanche, explique-t-il, certains États ont une responsabilité morale sur la diffusion d’idéologies religieuses extrémistes:
«L’Arabie saoudite a financé une idéologie wahhabite au niveau international et l’Occident ne s’y est pas opposé parce que c’était une idéologie qui allait contre les intérêts socialistes et communistes. Le problème, c’est que cette idéologie a échappé à l’Arabie saoudite et qu’elle s’est largement diffusée et même autonomisée. Cela signifie-t-il que l’Arabie saoudite n’a plus de responsabilité? La réponse est non. Il y a encore des publications de Riyad qui continuent d’inonder les champs religieux à l’international en général, et les champs religieux français en particulier.»
On parle souvent de «loup solitaire» quand un attentat terroriste est commis. Mais existe-t-il un réseau que l’on ne voit pas?
«Il ne peut pas y avoir d’autoradicalisation car l’acteur en question est forcément à un moment donné en interaction avec un tiers. Ce peut être des algorithmes, des personnes... mais il y a forcément un parcours, des liens, qu’ils soient réels ou virtuels», affirme l’universitaire.
L’Arabie Saoudite est-elle réellement un allié pour la France dans le combat contre le terrorisme?
«De fait, ce sont des alliés. Mais concrètement, pragmatiquement, cela pose des questions, notamment sur le plan des droits humains. Cela rend difficilement audible un certain discours politique qui consiste à combattre à juste titre la violence sur le territoire national, à combattre des idéologies religieuses qui font sécession avec le reste de la société, et en même temps entretenir des liens avec des pays qui n’ont pas fait preuve de grande ouverture démocratique», nuance Haoues Seniguer.
*Organisation terroriste interdite en Russie.