Des chercheurs en biologie marine de l’université allemande de Bonn viennent de publier dans la revue scientifique BMC Biologie la description d’une nouvelle espèce d’octopode.
L’animal a été découvert en 2016 lors d’une expédition scientifique du navire de recherche FS Sonne dans les eaux du Pacifique du Nord.
D’après l’extérieur de cet octopode de petite taille, environ 30 centimètres, capturé à la profondeur de plus de 4.000 mètres, le docteur Alexander Ziegler a dès le début identifié son appartenance au groupe des poulpes «Dumbo» du genre Grimpoteuthis.
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— BMC Biology (@BMCBiology) April 23, 2021
A new species of deep-water #dumbo #octopus has been identified by Alexander Ziegler & Christina Sagorny using high-resolution imaging and molecular analysis, showcasing a non-invasive approach to examine a rare specimen. pic.twitter.com/fgqMOxGf94
Les pieuvres «Dumbo» comprennent 45 espèces, qui habitent des colonnes d’eaux et des abysses sous-marines de l’océan Pacifique. Elles doivent leur nom à l’éléphant Dumbo, personnage de cartoon Walt Disney, capable de voler avec ses oreilles extrêmement grandes, auxquelles ressemblent les nageoires des deux côtés de la tête de ce groupe de poulpes, qui leur permettent de flotter dans l’eau.
Le spécimen capturé par le docteur Ziegler différait des espèces déjà connues.
«C’était clair pour moi tout de suite que nous avions capturé quelque chose de très spécial», a annoncé le chercheur.
Malheureusement, une fois l’animal remonté à la surface, il est mort et a été placé dans la formole pour pouvoir être étudié par les scientifiques.
IRM à haut champ au lieu d’un scalpel
De retour en Allemagne, Alexander Ziegler et la jeune chercheuse Christina Sagorny, son ancienne étudiante, ont décidé d’utiliser de nouvelles techniques pour examiner l’holotype collecté. Au lieu de la dissection traditionnellement pratiquée à ces fins, ils ont essayé l’imagerie à résonance magnétique (IRM) à champ élevé, qui a montré de meilleurs résultats que le scalpel.
L’examen détaillé de l’animal capturé a révélé des caractéristiques spéciales qui ont permis de conclure sur son appartenance à une nouvelle espèce de poulpes «Dumbo».
Les chercheurs ont également décodé le matériel génétique du spécimen.
«L’analyse de l’ADN a sans aucun doute prouvé que nous avions affaire à une espèce du genre Grimpoteuthis», a déclaré le docteur Ziegler.
Les méthodes d’examen non destructives ont aussi permis de digitaliser l’animal et ce fichier électronique est disponible dans la base de données MorphoBank pour des recherches ultérieures.
L’holotype, qui est resté intact grâce à ces nouvelles techniques non-traditionnelles, est placé dans les archives du musée d'histoire naturelle de Berlin.
Scientists from Bonn described a new species in @BMCBiology, using non-destructive imaging techniques. "Emperor Dumbo" originated from 4000 meters depth in the North Pacific and is part of our research collection: https://t.co/5Gci8IQhPU 🐙 Credits: Alexander Ziegler 📸 pic.twitter.com/WrUe02LVKe
— Museum für Naturkunde Berlin (@mfnberlin) April 23, 2021
«Notre approche non destructive a créé un précédent, surtout pour la conservation des animaux rares et précieux», a souligné Alexander Ziegler.
En tant que premiers descripteurs de l’espèce, les biologistes allemands avaient le privilège de la nommer et ils ont choisi «Dumbo impérial» (Emperor Dumbo en anglais et Kaiserdumbo en allemand) pour garder le lien avec l’endroit de sa découverte – des montagnes sous-marines non loin du Japon, qui portent les noms des empereurs du pays du soleil levant.
Huit bras, trois cœurs
Les céphalopodes ne cessent de surprendre les gens, qui ont même consacré une branche scientifique spéciale, le teuthologie, pour les étudier.
À part leur anatomie extraordinaire avec huit bras, trois cœurs, le sang bleu et le corps souple, capable de changer de forme et de couleur, ces animaux se caractérisent par un comportement complexe et une grande intelligence.
Les rencontres sous-marines attirent toujours l’attention des plongeurs amateurs et des biologistes qui continuent de découvrir de nouvelles espèces de céphalopodes.
Malgré les efforts scientifiques et de nouvelles méthodes de recherche, ces mollusques posent systématiquement des questions, auxquelles les chercheurs n’ont pas encore trouvé de réponses, ce qui explique l’apparition régulière d’hypothèses sur l’origine extraterrestre des pieuvres.