Autorisés à vacciner, les sapeurs-pompiers expriment leur colère

© AFP 2024 PASCAL GUYOTUn pompier se tient près d'une caserne de pompiers transformée en un centre de vaccination près de Montpellier
Un pompier se tient près d'une caserne de pompiers transformée en un centre de vaccination près de Montpellier - Sputnik Afrique, 1920, 23.04.2021
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Le droit de vacciner accordé aux sapeurs-pompiers est remis en cause par des syndicats en raison du manque de compétences de ceux-ci pour faire des injections en plus d’une charge accrue.

Plus d’un mois après la sortie du décret autorisant les sapeurs-pompiers à vacciner contre le Covid-19, certains syndicats ne cessent de s’y opposer pour plusieurs raisons.

«La vaccination est un acte médical qui engage la responsabilité de celui qui le pratique», avance la Fédération Autonome des Sapeurs-Pompiers Professionnels et des Personnels Administratifs, Techniques et Spécialisés (FA/SPP-PATS) dans un communiqué.

En soulignant la courte durée de formation pour apprendre à vacciner, environ deux heures, le syndicat s’interroge sur la possibilité de réaliser correctement les piqûres.

«Ce n’est pas que nous ne voulons plus vacciner, c’est que c’est un acte médical. Nous sommes des sapeurs-pompiers, des techniciens de secours mais pas de corps médical», «pas médecins ou infirmiers», explique André Goretti, le président de la fédération autonome des Sapeurs-Pompiers des Alpes-Maritimes, auprès de RMC.

Dans son communiqué, le syndicat pointe l’inutilité de l’initiative car «ce sont les doses qui manquent et non les bras». 

En plus de cela, la FA/SPP-PATS indique que les pompiers sont chargés d’autres missions et sont incapables d’accomplir tout ce qui leur est actuellement demandé:

«Nous assumons déjà des missions régaliennes qui reviennent au service de l’État comme des carences ambulancières ou médicales. Le sapeur-pompier n’est pas le couteau suisse, il ne peut pas répondre à toutes les demandes».

Un travail «au noir»

Enfin, la forte différence entre les niveaux de rémunération d’un médecin qui vaccine (880 euros par jour), d’un infirmier (440 euros) et d’un pompier (96 euros) a été mise en valeur sur le site du syndicat. C'est «presque du travail au noir», renchérit un représentant du syndicat des Sapeurs-Pompiers de Côte-d'Or cité par RMC.

Avenir Secours, le syndicat national des pompiers, a également dénoncé un manque de dialogue avec les soldats du feu, «caisse à outils» du gouvernement, indique un communiqué publié sur son site: «Il est totalement scandaleux qu’il n’y ait eu aucune concertation préalable».

«Les très nombreuses sollicitations en cours sur le dépistage et les premières campagnes de vaccination, ainsi que la formation à dispenser, dont on ignore le cadre, ajouteront sans conteste une charge supplémentaire», pointe-t-il.

Dans un communiqué du 13 avril, l’UNSA-SDIS de France s’interroge sur la place que tiendra leur profession «demain sur l’échiquier du secours à personne». Et de se demander si «les sapeurs-pompiers peuvent encore être reconnus comme de simples secouristes?».

En dénonçant l’absence de volonté et de prétention «d’être assimilés à des infirmiers ou des médecins», l’organisation précise qu’il est temps de «nous associer pour pratiquer légalement des actes thérapeutiques simples qui pourraient sauver plusieurs milliers de vie».

Des soignants insultés

Pour la CGT, ce décret est une «blague» qui «insulte le corps des soignants». Elle a appelé à mettre fin à «cette logique de service public au rabais».

Cette décision avait pourtant été saluée le 12 mars par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers qui avait estimé qu’une telle mobilisation permettrait d’accélérer le rythme des vaccinations pour «évier le reconfinement des populations».

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