Après les multiples déclarations de Thierry Breton assurant que le Spoutnik V ne pourra pas être produit ou livré en Europe avant au moins la fin de l’année, ses concepteurs haussent le ton. Ils lui demandent de ne plus tenir de «propos trompeurs» sur le vaccin russe, mettant en exergue le parti pris du commissaire européen.
Dear @ThierryBreton, please stop misleading the public with biased statements against Sputnik V. Sputnik V can deliver to Europe on the day of EMA approval not by the end of 2021 as you frequently claim. Sputnik V is authorized in 60 countries.https://t.co/pZNwl0svTd
— Sputnik V (@sputnikvaccine) April 20, 2021
«S’il vous plait, arrêtez de tromper le public avec des déclarations biaisées contre le Spoutnik V. Le Spoutnik V peut être livré en Europe dès le jour de l’approbation par l’EMA [l’Agence européenne des médicaments, ndlr] et non d’ici à la fin de 2021 comme vous le prétendez fréquemment», écrivent-ils sur le compte Twitter du vaccin.
Ils précisent que le produit russe a déjà été livré à 40 pays et rappellent la possibilité de fournir assez de doses pour vacciner 50 millions d’Européens d’ici le mois de septembre, avec de premières livraisons dès le mois de juin. «En tant que commissaire chargé du Marché intérieur, vous devriez savoir cela, mais vous refusez toute discussion sur le contrat d'achat anticipé en raison de votre partialité», fustigent-ils.
Moyens de production
Pour justifier que l’Union européenne n’a «pas besoin» du vaccin russe, l’argument souvent invoqué par M.Breton, comme il l’a répété dans son entretien paru lundi 19 avril dans Le Figaro, est que la Russie a une faible capacité de production, tandis que les usines européennes sont déjà sollicitées pour produire d’autres vaccins.
Le fabricant dément pourtant que des «lieux de production doivent être trouvés». «L’EMA inspecte les installations de production russes existantes qui peuvent être utilisées pour approvisionner le marché européen», assure-t-il.
Problème de calendrier?
Un autre point de divergence est la date à laquelle la demande d’autorisation de mise sur le marché a été faite. Thierry Breton, à l’instar du secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune, a mis en cause un dépôt de dossier tardif du vaccin, le 4 mars, date à laquelle l’EMA a commencé l’examen de celui-ci.
In response to the EMA @EMA_News statement that they cannot find Sputnik V application for review, we attach the receipt of such application 1379253 from January 29, 2021 below. 24 countries have already registered #SputnikV.✌️ pic.twitter.com/QebeaNVA2B
— Sputnik V (@sputnikvaccine) February 10, 2021
Pourtant, le 10 février, le compte Twitter du Spoutnik V publiait une capture d’écran de l’accusé de réception de cette demande, datée du 29 janvier. En réponse à la déclaration de M.Beaune, l’ambassade de Russie en France a quant à elle assuré que la demande officielle avait été envoyée le 21 janvier.
Outil «de propagande»
Fin mars, les concepteurs du Spoutnik V avaient appelé Emmanuel Macron à ne pas faire des vaccins une affaire politique. Ce dernier avait évoqué une «guerre mondiale d’un nouveau genre» face aux «velléités russes et chinoises d’influence par le vaccin». Dans un même temps, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait qualifié le Spoutnik V de «moyen de propagande».
Un mois plus tôt, le chef de l’État avait pourtant déclaré sur le plateau de TF1 qu’il ne s’opposait pas à l’utilisation du vaccin russe en France. Il avait même envoyé, fin novembre, une délégation scientifique au Centre Gamaleïa (développeur du Spoutnik V) de Moscou afin de l’évaluer. «Le vaccin Spoutnik V vaut la peine d'être considéré», en avait conclu la cheffe de la mission, Marie-Paule Kieny.