Huit personnes associées au mouvement de contestation populaire du Hirak en Algérie ont été arrêtées pour «association de malfaiteurs», financée par une chancellerie étrangère à Alger, ont indiqué mardi les services de sécurité locaux.
«Les services de sécurité ont arrêté une association criminelle composée de huit personnes âgées de 26 à 60 ans actives sous couvert d'une association culturelle, non agréée, à Bab El Oued», quartier populaire d'Alger, précise un communiqué de la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN).
Selon la DGSN, cette association a acquis du matériel technologique moderne grâce «au financement d'une représentation diplomatique à Alger d'un grand pays étranger». Le pays en question n'est pas identifié.
D'après le communiqué, ce financement a permis à cette association «de produire des films et des documents provocateurs» et «des tracts appelant à la violence» durant les manifestations hebdomadaires du Hirak.
Les responsables de l'association «ont reconnu ce financement sous couvert d'activités culturelles», affirme le communiqué.
L'ONG n'est pas nommée mais des militants de l'association SOS Bab El Oued, parmi lesquels son président Nacer Maghnine, ont été présentés mardi au procureur du tribunal de Bab El Oued, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), un collectif de solidarité, sans qu'un rapport entre les deux affaires ne soit établi. Ils avaient été arrêtés lors de la marche hebdomadaire du Hirak vendredi à Alger.
Lors de l'opération des services de sécurité à Bab El Oued, supervisée par les procureurs des tribunaux de Sidi M'ahmed et de Bab El Oued, «677 banderoles, sept ordinateurs, une caméra numérique ultra-moderne, 3 scanners et 12 imprimantes ont été saisis».
La mise en garde d'Abdelmadjid Tebboune
Début avril, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a mis en garde les manifestants du Hirak contre tout «dérapage» et des «activités non innocentes» qui «tentent d'entraver le processus démocratique en Algérie».
Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical du «système» politique en place depuis l'indépendance en 1962.
Il est aujourd'hui accusé par le pouvoir d'être infiltré par des activistes islamistes, héritiers du Front islamique de salut (dissous en mars 1992), qui chercheraient à entraîner le Hirak dans la confrontation violente.