«Les décoloniaux ont l’air de penser qu’ils inventent tout et que tout commence avec eux!» attaque d’emblée Fatiha Agag-Boudjahlat devant les caméras de Sputnik.
L’enseignante, qui vient de faire paraître son troisième essai: Les Nostalgériades (éd. du Cerf), ne décolère pas face au «marketing segmenté» d’Emmanuel Macron. Ainsi, lors d’un entretien accordé à la chaîne américaine CBS, le Président de la République a affirmé que la France doit, «d’une certaine manière, déconstruire [sa] propre histoire». Une attaque à peine voilée du passé colonial du pays. Le 20 janvier dernier, l'historien Benjamin Stora remettait un rapport à Emmanuel Macron sur «les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie» dans l'optique de la «réconciliation des peuples français et algériens».
Macron apaise-t-il la mémoire ou cède-t-il à la repentance?
«Emmanuel Macron dit qu’il n’y a pas de culture française et que la France est responsable d’un crime contre l’humanité. Le même jour [que l’interview donnée à CBS, ndlr] dans “Le Figaro”, il dit qu’il refuse d’être dans la repentance et dans le déni!» tacle Fatiha Agag-Boudjahlat. «Cette façon d’adapter son discours à son auditoire est franchement lassante et désespérante pour la France», soupire-t-elle.
Très en verve contre ce qu’elle qualifie de «tendance à la victimisation permanente», l’essayiste enfonce le clou. «On ne peut pas résumer un engagement politique à un simple trauma. Laissons la traumatologie à l’hôpital! Dans la politique, ce qui compte, c’est la réflexion, les valeurs et l’engagement.»