Un Français qui «ne s’est jamais battu de sa vie» vit un enfer dans les geôles turques

© Photo Pixabay/Ichigo121212Une prison
Une prison - Sputnik Afrique, 1920, 17.04.2021
S'abonner
Le Français Fabien Azoulay, incarcéré en Turquie pour importation de stupéfiants, y vit un enfer et réclame, vainement jusqu’à présent, le droit de purger le reste de sa peine dans l’Hexagone. Quand il regarde son acte de condamnation qui dit «libération le 23 mai 2034» il se dit qu’il ne tiendra pas jusque-là.

Pour Fabien Azoulay, un Français de 43 ans condamné à 16 ans et 8 mois de prison en Turquie pour importation de stupéfiants, la détention est un enfer. Sa situation a encore empiré lorsque son homosexualité et sa confession juive ont été découverts par ses codétenus.

Sa demande de transfert en France pour y purger le reste de sa peine, déposée en mai 2019, reste toujours sans réponse et une pétition de soutien lancée le 10 avril a déjà réuni plus de 110.000 signatures.

Le Parisien retrace son calvaire en se basant sur ses lettres et les témoignages de son frère cadet Xavier.

De passage à Istanbul en septembre 2017 pour une greffe de cheveux à bon prix, il commande sur Internet pour 200 dollars (166 euros) de GBL, un solvant utilisé comme stimulant et interdit en Turquie 10 mois plus tôt. Dès qu’il se présente à la réception pour récupérer le colis, la police l’interpelle.

La prison stambouliote de Maltepe, où le Français est envoyé, est tellement saturée qu’il faut enjamber les détenus entassés sur des matelas au sol pour aller aux toilettes la nuit. 

«Ceux qui dorment et se font réveiller piquent des crises et ne savent répondre que par la violence […]. Ici, pas de place pour la diplomatie ou les mots», écrit-il en 2018 dans une lettre à ses amis que Le Parisien a pu consulter. 

Racketté, insulté et frappé

Les conflits se réglant souvent à coups de morceau de verre brisé, le Français n’est pas taillé pour se défendre. Selon son frère, Fabien «ne s’est jamais battu de sa vie». Il est donc racketté, insulté et frappé.

«Certains se prennent pour des caïds. Et ils exigent des faveurs des plus faibles. Si tu ne les exécutes pas, ils te battent, te giflent, ils t’humilient, je les maudis tous», écrit-il.

Terrifié, il ne dort quasiment plus malgré les somnifères.

«Ma tête, parfois, s’éteint complètement face aux horreurs auxquelles je fais face quotidiennement. La dernière en date est un type qui s’est fait trancher la gorge par un groupe de quatre Syriens», relate-t-il en août 2018.

Ébouillanté après la révélation de son homosexualité

En novembre 2019, ses codétenus apprennent sa confession et son orientation sexuelle. L’un d’entre eux l’ébouillante en pleine nuit. Fabien Azoulay reçoit des brûlures du deuxième degré au visage, au cou et au torse. Deux mois plus tard il est transféré dans un autre pénitencier, près de la mer Noire, «une sorte d’immense camp militaire», selon le témoignage de son frère.

Ce transfert n’améliore pas la situation. «Quand je regarde mon acte de condamnation, qui dit "libération le 23/05/2034", j’ai le cœur qui bat plein pot, écrit Fabien Azoulay le 6 juin 2020. Je ne tiendrai pas jusque-là, je le sais, je le sens, je n’en aurai pas la force.»

«Aucune objection de principe»?

Son transfert vers la France est examiné «au même niveau de priorité» que les demandes similaires concernant d'autres détenus, a indiqué à l’AFP jeudi 15 avril l'ambassade de Turquie à Paris.

Le Parisien indique pour sa part que le nouvel ambassadeur, Ali Onaner, ancien camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA, a assuré lundi 12 avril qu’il n’existait de la part d’Ankara «aucune objection de principe».

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала