Des livreurs s’évertuent à faire passer à des détenus des colis contenant drogue, argent, téléphones portables, nourriture et autres objets par de nombreux moyens y compris en utilisant les nouvelles technologies. L’un des premiers passages de stupéfiants à l’aide de drone a ainsi été détecté aux États-Unis en 2015.
En France, plusieurs cas de cette nature ont également été enregistrés. Un groupe de jeunes a tenté de livrer du gaz hilarant avec un drone à l’intérieur de la prison de Périgueux, relate France Bleu.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 13 au 14 mars. À bord d’une Mercedes stationnée près de l’établissement pénitentiaire, trois hommes étaient en train d’apprendre à piloter un drone censé transporter un colis. Celui-ci contenait des capsules de protoxyde d'azote, gaz qui provoque des fous rires s’il est inhalé.
Ce colis devait être reçu par leur ami incarcéré, a indiqué leur avocat, Me Claude Mortelecque. L’opération a été interrompue par l’arrivée de policiers. Âgés de 17, 19 et 23 ans, les suspects ont été interpellés et placés sous contrôle judiciaire.
Ils devront comparaître devant un juge au tribunal de Périgueux le 23 avril. Citée par la radio, la procureure a rappelé que l’utilisation d’un drone à une hauteur de plus d’un mètre du sol était prohibée. L’interdiction vise également le passage au-dessus d’une prison, a-t-elle ajouté.
Cas semblables
Six individus suspectés d’alimenter le trafic de stupéfiants, y compris par drone, au sein du centre de détention de Châteaudun ont été jugés en janvier devant le tribunal correctionnel de Chartres. Un détenu de 25 ans, commanditaire des colis, a été condamné à cinq ans de prison ferme alors que le pilote du drone a écopé de trois ans de prison ferme avec maintien en détention pour les deux, a fait savoir L’Écho républicain.
En février, un drone s’est écrasé dans l’enceinte du centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville, rapporte l’AFP. Il transportait de la drogue et un téléphone.
Enfin, deux drones ont été aperçus en train de survoler le centre pénitentiaire d'Orléans-Saran pendant plusieurs heures fin mars, indique France Bleu. À l’arrivée des agents, ils n’étaient plus présents. Les syndicats évoquent un éventuel repérage pour une livraison de drogue ou pour une tentative d'évasion.
L’article 434-35 du code pénal indique que le fait de «faire parvenir à un détenu, ou de recevoir de lui et de transmettre des sommes d'argent, correspondances, objets ou substances quelconques en dehors des cas autorisés par les règlements» est puni d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende.
À part la France et les États-Unis, de nombreuses tentatives ont été recensées en Belgique, au Canada, en Suisse et en Allemagne.
Autres moyens
Alors que d’autres moyens de livraison en prison plus simples existent depuis des années, certains se servent des réseaux sociaux pour proposer «une offre d’emploi» en tant que lanceur de colis. Une telle annonce a été publiée en 2019 sur Snapchat par les détenus de la prison de Béziers, laquelle n’est pas du tout étonnante pour le personnel pénitentiaire.
«Tous les moyens sont bons pour permettre aux détenus d'obtenir ce qu'ils ne parviennent pas à trouver légalement en prison. Alors, les voir se servir des réseaux sociaux ne surprend personne. Ils sont dans l'air du temps», a déclaré un employé cité par Midi Libre.