Le roi Abdallah de Jordanie, l’un des plus fidèles alliés des États-Unis et de l’Occident, a-t-il été la cible d’une tentative de coup d’État au début du mois?
Deux hauts fonctionnaires du palais ont également été arrêtés lors d’une vague d’interpellations qui a touché plus d’une douzaine de personnes. L’un de ces assistants aurait servi d’intermédiaire avec l’Arabie saoudite. Le vice-Premier ministre jordanien, Ayman Safadi, a déclaré que «les enquêtes avaient surveillé les ingérences et les communications avec les parties étrangères sur le bon moment pour déstabiliser la Jordanie».
Fadi Assaf, ancien conseiller du Président du Liban et consultant en relations internationales, écarte l’idée de toute ingérence étrangère:
«Je ne pense pas, malgré les rumeurs, qu’il y a eu un complot ou une ingérence étrangère. Aucun de ceux qui sont cités comme ayant comploté contre le régime –Israël, Arabie saoudite– n’a intérêt à ce que la Jordanie se déstabilise. Entre le roi Abdullah et le Premier ministre israélien Netanyahou, tout ne se passe très bien mais l’alliance est stratégique entre les deux pays et s’il y a quelques désaccords passagers, cela ne se règle pas par un coup d’État. Idem pour l’Arabie saoudite, il n’y a pas la volonté de déstabiliser une monarchie voisine.»
Que s’est-il alors passé? Pour l’expert, le roi a longtemps su préserver un équilibre dans son pays. Cependant, crise du Covid, réfugiés syriens, évolutions géopolitiques régionales sont autant de paramètres qui concourent à une déstabilisation:
«Je pense à une possible convergence entre la rue qui se soulève sincèrement pour demander le minimum vital maintenant –une crise économique, une crise du Covid mal gérée– et puis le demi-frère du roi, un prince charismatique qui défend les causes du peuple et va à leur rencontre. Cela ne peut qu’inquiéter le roi.»
D’après Fadi Assaf, ce qui s’est produit est plutôt «un drame familial»:
«Il est clair que le mal est fait: il y a une scission au sein de la famille, un clivage inquiétant. Il va falloir du temps pour faire oublier cela et surtout, il faut que le pouvoir exécutif ait la capacité de régler les problèmes fondamentaux: ceux de la rue.»