Les retards accumulés dans la vaccination en France ont engendré un nouveau phénomène: les «chasseurs de vaccins». Poussées par l’urgence de se faire vacciner, ces personnes passent leur temps devant les centres de vaccination pour dénicher une éventuelle dose non consommée.
Mais ce lundi 12 avril, la «chasse» s’annonçait difficile pour la poignée de Parisiens qui patientaient devant le «vaccinodrome» installé au Stade de France. La plupart des candidats imaginent que de venir à Saint-Denis leur donnera plus de chance de se faire vacciner, «vu la grandeur du centre».
«J’évite de voir mes parents pour l’instant. J’ai envie de pouvoir les voir sereinement. C’est pour cela que je suis venu, pour m’inscrire sur la liste d’attente», précise Amin, au micro de Sputnik.
Amin, 34 ans, n’est pas très optimiste sur ses chances d’être accepté, «vu le monde qu’il y a et qu’il existe une liste d’attente sur le site.» Mais il compte néanmoins revenir le lendemain, espérant avoir «une chance sur dix» de passer.
Non éligibles, les profs font la queue
Louis, un Parisien, est venu également faire le pied de grue devant le Stade de France, parce qu’il a «vu [sur les réseaux sociaux, ndlr] que souvent, il y a des doses non utilisées le soir» et qu’il trouve «dommage de les gâcher».
«Je suis prof de lycée à Aubervilliers. Je trouve bien d’être vacciné avant la rentrée. La Ville de Saint-Denis a mis en place une liste d’attente et nous appelle s’il y a des désistements», détaille Louis.
Le professeur d’une trentaine d’années, a tenté sa chance, puis qu’on «ne promet aucun délai» pour lui, dans sa «catégorie» d’enseignants. Est-ce normal? «La réponse est dans la question», sourit Louis, qui n’est cependant pas prêt à renouveler cette tentative sans un rendez-vous fixe.
Une expérience qui s’est avérée décevante pour ses confrères de Grenoble. Des enseignants qui se sont présentés lundi 12 avril au vaccinodrome de la ville, après avoir pris rendez-vous, ont été finalement refoulés du fait d’une «erreur», car le personnel de l’Éducation nationale n’est pas encore prioritaire pour être vacciné. Leur vaccination a déjà été reportée à plusieurs reprises.
Quant à Laurent, un quadragénaire «non éligible pour l’instant», il souhaite juste «avoir un vaccin plus tôt».
«Ce n’est pas que j’ai besoin [d’avoir un vaccin rapidement, ndlr], mais je préfère. Aujourd’hui, j’ai eu du temps à perdre, mais je ne sais pas si je vais revenir ou pas», indique ce Parisien au micro de Sputnik.
Pourtant, attendre la fermeture des centres de vaccination pour tenter de profiter des éventuelles doses non utilisées n’est pas forcément vain. Pour augmenter ses chances, il faudrait s’inscrire sur les listes d’attente auprès de la mairie.
Mobilisés «pour ne perdre aucune dose»
Hélas, ce lundi soir, tous nos témoins sont repartis bredouilles. Effectivement, la journée n’a pas été faste pour les «chasseurs de vaccins» au Stade de France, comme nous l’a confirmé le service presse de la Ville de Saint-Denis.
«Cela dépend des jours. On ne peut pas savoir avant la fin de la journée, vers 18 heures, s’il y a des gens qui annulent des rendez-vous», détaille le service presse.
«On trouve très vite les gens pour utiliser ces doses. On rappelle les gens pour savoir s’ils sont disponibles dans l’heure qui suit pour venir se faire vacciner», assure le service presse de Saint-Denis.
Et la société civile s’est également mobilisée «pour ne perdre aucune dose». Lancé fin mars dernier, le site Covidliste a été mis en place pour soutenir l’accélération de la campagne de vaccination. Au 9 avril, 36 centres partenaires sont déjà inscrits, plus de 500 doses ont bénéficié à des volontaires, qu’ils soient éligibles ou non.