Le bitcoin, un gouffre énergétique? Selon une étude réalisée par des chercheurs chinois, publié dans Nature communications, la consommation d’énergie et les émissions de carbone associées au «minage» de bitcoins (procédé de validation informatique des transactions) pourraient fortement augmenter ces prochaines années. En effet, la plus célèbre cryptomonnaie continue de battre tous les records. À l’heure, où sont écrites ces lignes, le bitcoin vient de franchir le cap des 62.800 dollars (52.850 euros).
Une activité particulièrement attractive… et énergivore
Comme l’explique Julien Béranger, spécialiste des cryptomonnaies, avec des cours à la hausse, les mineurs sont de plus en plus nombreux à se lancer dans la compétition, entraînant une complexification des opérations, sans compter que le protocole sur lequel repose le bitcoin (BTC) est très énergivore.
«Le bitcoin utilise le “proof-of-work”, c’est-à-dire que vous avez des milliers d’ordinateurs qui essaient d’obtenir la récompense pour chaque bloc résolu, qui est de 6,25 BTC, soit 330.000 euros toutes les dix minutes pour celui qui gagne. Néanmoins, d’autres perdent, ils ont donc consommé de l’électricité simplement pour avoir essayé de remporter la récompense», résume Julien Béranger.
Contacté par Sputnik, Frédéric Ocana, consultant en chaîne de blocs, dénonce quant à lui le traitement médiatique du bitcoin, notamment sur la question environnementale. Pour lui, «cela fait le buzz, c’est sulfureux, sensationnel, de dire qu’il pollue, les médias aiment bien.» Frédéric Ocana estime qu’il est nécessaire de faire preuve de mesure.
Vers la transition écologique du minage?
Si de son côté, le Cambridge bitcoin electricity consumption index (CBECI) indique que la consommation annuelle du bitcoin pourrait atteindre 128 TWh (térawatt-heure), soit 0,6% de la production électrique mondiale, cela reste plus «modéré par rapport à d’autres technologies, comme l’air conditionné et les ventilateurs qui consomment 2.000 TWh par an», soulignait George Kamiya, analyste à l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cité par l’AFP.
«Le bitcoin a au moins une vertu, c’est qu’il faut trouver l’énergie la moins chère, et la moins chère, c’est bien souvent les énergies renouvelables que tu ne peux pas stocker», avance Frédéric Ocana.
D’après une étude du CCAF, 76% des mineurs utilisent les énergies renouvelables. Ainsi, pour les activités de minage, 62% ont recours à l’hydraulique, 17% l’éolien et 15% le solaire. Néanmoins, ces mineurs n’utilisent pas exclusivement des ressources renouvelables. Par conséquent, seuls 39% de l’énergie consommée provient de ces ressources. Une hausse puisqu’en 2018, cette part s’élevait à 20%.
En outre, Frédéric Ocana observe que le minage met en exergue la problématique des «mix énergétiques» des pays qui accueillent les mineurs. Ainsi, 70% d’entre eux situés en Europe et 66% des nord-américains utilisent des énergies renouvelables, contre 25% des mineurs résidant en Asie-Pacifique.
Frédéric Ocana affirme donc que les choses évoluent positivement et n’oublie pas de souligner que les monnaies fiduciaires sont loin d’être un modèle de vertu.