Alors que la France arrive au seuil des 100.000 décès liés au Covid-19 depuis le début de l'épidémie, l'infectiologue Gilles Pialoux a déploré ce 13 avril sur BFM TV-RMC «une acceptation tacite» par l'exécutif de ce nombre de morts.
«Il y a un choix de société, qui est un choix politique, qui est d'accepter que l'on ait chaque jour un Boeing qui s'écrase, c'est à dire 300-340 décès.»
Morts du Covid: pour le Pr Pialoux, "il y a un choix politique d'accepter chaque jour qu'un Boeing s'écrase" pic.twitter.com/S5Rt8SvltG
— BFMTV (@BFMTV) April 13, 2021
En guise de preuve, le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Tenon, à Paris, cite le fait que «le mot "mort" a disparu du discours politique»:
«Le Président de la République n'a pas prononcé le mot "mort", il dit “endeuillé”. On ne parle plus des morts, on parle des familles qui vivent des choses tragiques», affirme l'infectiologue.
En cause, selon le Pr Pialoux, les mesures de «freinage lent» prises par le gouvernement. D'autant qu’«on n'est pas au sommet de l'épidémie», assure-t-il. «Ce n'est pas un pic. Un pic on sait ce qu'il y a derrière, là on ne sait pas ce qu'il y a derrière».
Une terminologie choisie
Avec le Covid-19, la terminologie semble être adaptée à la stratégie du gouvernement. Ainsi, le mot même de «confinement» est banni du discours de l’exécutif. En annonçant fin mars les nouvelles restrictions dans la lutte contre le Covid-19, Emmanuel Macron ne l’a pas utilisé, préférant parler de «mesures de freinage supplémentaires», «sans nous enfermer».
Lors de sa conférence de presse à la même époque, Jean Castex a expliqué que le gouvernement avait choisi une «troisième voie» avec «de nouvelles mesures de freinage massives» de l'épidémie imposées dans 16 départements. Il n'a cité qu'à une seule reprise le mot «confinement» pour les qualifier. À ses côtés, le ministre de la Santé, Olivier Véran, s'est interrogé: «Est-ce qu'on peut parler d'un troisième confinement? Je ne sais pas quel nom il faut donner à ces mesures fortes qui sont prises. Mais il y a une différence qui est notable, qui est que nous nous tournons davantage vers l'extérieur».
Une situation préoccupante
Un an après le début de la crise sanitaire, la situation sur le front du Covid-19 reste préoccupante en France, alors que le pays s'apprête à passer la barre des 100.000 morts malgré les mesures prises et une campagne de vaccination qui s'accélère. Selon les informations de RTL, Emmanuel Macron devrait s'adresser aux Français, lors d'une prise de parole ou un message écrit, le jour où ce cap sera franchi.