Soupçonné d’avoir organisé des dîners clandestins enfreignant les règles sanitaires, Pierre-Jean Chalençon, collectionneur et propriétaire du palais Vivienne, est revenu, dans les colonnes de l’Obs, sur ce qui a conduit à sa garde à vue provisoire dans le cadre de cette affaire.
«J’ai l’impression d’être sous Vichy! Je n’aurais jamais imaginé devenir, à cause d’un dîner que je n’ai même pas organisé, le mec dont le monde entier parle depuis une semaine», s’est-il plaint.
M.Chalençon a expliqué que le chef Christophe Leroy lui avait dit «qu’il avait créé un club» et «qu’il y organisait des repas».
«Il m’a proposé d’en faire un au palais. J’ai pensé qu’il serait intéressant d’y faire venir des patrons, des journalistes, pour faire connaître le lieu.»
Le collectionneur a fait savoir que 24 personnes se sont réunies pour dîner «ce soir-là» pour probablement «210 euros chacun, dans 600 mètres carrés». Alors que l’invitation était pour 17h30, l’événement s’est terminé à 23h40.
«Il n’y a pas eu de fête, pas de musique, rien. Je n’ai pas touché un euro sur cette soirée! Je vais même devoir payer les 500 euros de ménage si ça se trouve!», a-t-il insisté.
Le chef Christophe Leroy, qui avait aussi été placé en garde à vue, avait tenu à souligner à sa sortie auprès de BFM TV qu’il ne s’agissait pas d’«un restaurant clandestin», mais d’un «club privé». En évoquant la soirée organisée au palais Vivienne de M.Chalençon le 1er avril, au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron des nouvelles mesures anti-Covid, le cuisinier avait admis «une maladresse» et «une erreur».
«Lutte des classes»
«Comme me le dit mon ami Samy Gemayel - le neveu de Bachir [ancien Président du Liban, ndlr] - que je viens d’avoir au téléphone: “Tu es entré par inadvertance dans une lutte des classes”», a confié par ailleurs le collectionneur.
M.Chalençon a ensuite tenu à déclarer qu’il ne faisait pas partie des riches, qu’il était «endetté, fauché comme les blés», qu’il n’avait ni voiture, ni résidence à Saint-Tropez, ni de compte en Suisse.
«Ce palais, je l’ai acheté plus de six millions d’euros, oui, mais à crédit. Il ne représente pas un train de vie, mais une charge. L’État m’interdit de travailler mais ne nous dédommage pas, je ne reçois pas d’aide. J’ai dû vendre des objets pour faire face. Si je ne peux pas ouvrir vite, je serai bien obligé de le revendre. Je me suis ruiné à être gardien du patrimoine. Que les mythos et la gauche bien-pensante aillent chercher les vrais escrocs là où ils sont».
Qu’en est-il des ministres?
Alors que c’est la participation présumée de ministres à ces dîners clandestins qui a ravivé le débat, Pierre-Jean Chalençon a de nouveau affirmé qu’il «n’y en avait pas» et qu’il ne connaissait personne «à ce dîner» du 1er avril.
«J’ai juste dit que j’avais croisé des ministres, lors d’autres repas de ce genre. Ils en font tout le temps les ministres des repas privés. Mais c’est moi qu’on emmerde! Je me demande ce que je fous en France. Si je n’aimais pas autant mon pays, je serais parti depuis longtemps», a-t-il tranché.
Parmi les personnalités politiques, Marlène Schiappa avait déclaré qu’elle savait «de source sûre» que son collègue Gabriel Attal avait un jour reçu une invitation à un dîner sans date concrète, mais qu’il l’avait «fermement» refusée. L’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux qui a pris part à un dîner le 30 mars s’est défendu de «toute pratique illégale» et a expliqué à l’AFP que le repas était un «déjeuner professionnel» avec le journaliste Alain Duhamel, «parce qu'on m'a garanti que c'était légal, dans une pièce isolée d'un appartement».