La nourriture est-elle une arme, une richesse qui se manipule et se contrôle comme toute autre ressource nécessaire à la survie de nos sociétés modernes, à l’instar du pétrole ou de l’eau?
«Cette stratégie gastro-militaire émaille toute l’histoire de l’humanité et on le voit encore aujourd’hui. Historiquement, on a le siège d’Alésia: César coupe l’approvisionnement alimentaire des Gaulois pour qu’ils se rendent. Actuellement, au Yémen, les observateurs sur place ont constaté que la stratégie militaire des deux camps prenait les lieux de ressources alimentaires pour cibles particulières.»
Les acteurs les plus enthousiastes à employer des armes conventionnelles sont-ils les mêmes que ceux qui pourraient contrôler notre alimentation? Il est difficile pour certains d’entre nous, dans des pays développés, d’imaginer vivre sans un accès rapide et facile à la nourriture tel que nous le connaissons. Quels sont les risques qui menacent notre alimentation?
«L’un des principaux risques c’est l’ouverture absolument totale du marché agroalimentaire. Cette dépendance de plus en plus grande vis-à-vis d’acteurs économiques productifs extérieurs peut interroger sur la souveraineté alimentaire de chaque pays. La fameuse question de la sécurité alimentaire, que l’on croyait immuable depuis des décennies, est-elle finalement si pérenne? Je n’en suis pas sûr», explique l’expert.
Aujourd’hui, la viande est accusée de tous les maux et de nouvelles alternatives se développent. Quels intérêts sous-tendent ce discours? Pour Pierre Raffard, le fait que même les fonds d’investissement se lancent dans l’agroalimentaire prouve qu’il y a indéniablement des intérêts économiques, mais quelle est l’ambition?
«Changer la planète, conquérir de nouvelles parts de marché ? Si on va plus loin, on constate un changement de paradigme, on fait aujourd’hui la promotion d’une idéologie écolo-libertaire qui utilise la viande végétale pour mettre le pied dans la porte et essayer de modifier le système alimentaire mondial dans son ensemble.»