Le prince saoudien aurait fait pression sur le Louvre pour approuver l’authenticité de son Salvator Mundi

© AP Photo / Kirsty WigglesworthSalvator Mundi de Léonard de Vinci exposé chez Christie's à Londres en octobre 2017
Salvator Mundi de Léonard de Vinci exposé chez Christie's à Londres en octobre 2017 - Sputnik Afrique, 1920, 12.04.2021
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Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, propriétaire actuel du Salvator Mundi, l’œuvre la plus chère du monde, aurait insisté pour que le Louvre l’expose aux côtés de la Joconde et qu’il soit présenté comme un Léonard de Vinci à 100%. Mais le musée l’aurait refusé à cause des doutes sur son authenticité, révèle une enquête de France 5.

Alors que le tableau de Léonard de Vinci est entouré de mystères, au moins l'un d'entre eux semble avoir été résolu, à savoir le mystère de l'annulation de l'exposition du tableau Salvator Mundi au Louvre en 2019-2020.

Selon le documentaire «Salvator Mundi: la stupéfiante affaire du dernier Vinci» réalisé par le journaliste Antoine Vitkine, qui sera diffusé sur France 5 le 13 avril, en 2018, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, qui vient d’acheter le tableau Salvator Mundi attribué à Léonard de Vinci, donne son accord pour son exposition au Louvre dans la rétrospective consacrée au célèbre peintre en 2019-2020. L’accord a été conclu pendant le diner du prince avec Emmanuel Macron, d’après le documentaire.

Le prince voulait voir son tableau officiellement reconnu par le plus grand musée du monde comme un authentique Léonard de Vinci.

«Léonard de Vinci et atelier»

La même année le tableau débarque à Paris pour être expertisé au C2RMF, un atelier reconnu de restauration, situé dans les sous-sols du Louvre.

Suite à l’expertise, le Louvre propose d’accueillir le tableau, mais avec la mention «Léonard de Vinci et atelier», car selon les experts, les boucles de cheveux et les mains du Salvator Mundi sont «dignes de Léonard». D’autres parties, selon eux, semblent plus faibles et pourraient avoir été réalisées par des élèves du peintre.

Le prince refuse cette mention, car cela diminue la valeur du tableau (450 millions de dollars, 378 millions d’euros) et pèse sur sa réputation de connaisseur d’art. Finalement, la peinture n’est pas allée à Paris et le musée français ne l’a jamais exposée.

Selon le documentaire, l'incident aurait provoqué un léger remous diplomatique entre la France et l'Arabie saoudite.

Un tableau au destin hors du commun

La peinture en question, de 65 sur 45 centimètres, représente le Christ en habit bleu ciel qui émerge des ténèbres, bénissant d'une main le monde tout en tenant un globe transparent dans l'autre. Le tableau aurait été réalisé vers 1500, selon des experts.

En 2005, le Salvator Mundi a été acheté par un marchand d'art de New York pendant une simple vente en ligne, il en a payé 1.175 dollars (987 euros), car la peinture était en mauvais état et considérée comme une copie.

Après sa restauration, le tableau a été ensuite authentifié comme un véritable de Vinci par plusieurs experts en art de la British National Gallery, bien que d’autres experts aient gardé des doutes.

En 2013, c’est l’oligarque russe et président du club de football de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev, qui l’acquiert pour 127,5 millions de dollars (107 millions d’euros) avec l’aide du sulfureux marchand d’art Yves Bouvier.

En 2017, Rybolovlev l’a mis aux enchères à New York chez Christie’s. En novembre 2017, la peinture a été achetée pour une somme record de 450 millions de dollars (378 millions d’euros) par le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane. Depuis, le tableau n’a jamais été exposé. D’après la revue Artnet, le tableau se trouve à bord du yacht «Serene», propriété du prince.

Environ une quinzaine de tableaux dont l’auteur est authentifié comme de Vinci restent dans le monde.

Antoine Vitkine, l’auteur de ces révélations, s’est dit emporté par l’affaire en raison des liens étroits entre l’art et la géopolitique. «Cela parlait aussi du monde, de la mondialisation […] et de géopolitique», a-t-il expliqué à France Culture. Le journaliste a mené son enquête pendant deux ans.

 

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