À tout juste un an de la présidentielle et alors qu’aucun candidat n’a réellement émergé, la droite voit l’avenir de plusieurs de ses cadors se dessiner en pointillé. Valérie Pécresse (ex-LR) a en effet annoncé sur Franceinfo qu’elle abandonnera la politique en cas de défaite aux régionales d’Île-de-France.
«Ce rendez-vous des régionales est un rendez-vous très important avec mes administrés. Je leur ai tout donné pendant cinq ans. Ce sera à eux de décider quel est mon avenir politique […]. S'ils pensent que quelqu'un d'autre fera mieux le travail, à ce moment-là, ça sonnera effectivement la fin de ma carrière politique», explique-t-elle au micro de la radio publique.
Une prise de risque malgré tout limitée au vu des actuelles intentions de vote. Le 10 avril, la liste de l’actuelle présidente de région était en effet créditée de 34% des intentions de vote au premier tour, loin devant le RN de Jordan Bardella (17%), selon un sondage Ipsos pour Franceinfo.
Cependant, le pari intrigue, d’autant qu’il ressemble à celui fait par Xavier Bertrand (ex-LR) dans les Hauts-de-France. L’ancien ministre du Travail, candidat déclaré à la prochaine présidentielle, a lui aussi décidé de remettre son siège en jeu dans sa région. Et comme Valérie Pécresse, il a assuré sur Franceinfo qu’il arrêtera la politique s’il est battu. Une façon de se construire une «légitimé» à l’échelon local avant d’aller «solliciter la confiance de 67 millions de Français».
La droite pourrait ainsi perdre deux importantes têtes d’affiche en cas de déroute aux régionales. Une perspective peu réjouissante à l’heure où Gérard Larcher, président LR au Sénat, se creuse toujours la tête pour départager de potentiels candidats en vue de la présidentielle 2022. Le scénario d’une primaire ouverte est toujours incertain, admettait le sénateur dans les colonnes du Parisien le 3 avril.
Ses équipes étudient notamment une désignation par «jugement majoritaire», mode de scrutin permettant aux adhérents ou sympathisants d’attribuer une note à chaque candidat dans certains domaines, plutôt que de voter directement pour un favori.
Xavier Bertrand avait pour sa part déclaré au Point qu’il sera candidat, que son ex-famille LR organise une primaire ou non.
Des élections annulées?
Et la pandémie est venue renforcer les incertitudes à droite ces derniers jours, faisant planer le spectre d’un report des élections régionales et départementales. Le gouvernement a en effet lancé une consultation des maires de France le 9 avril, leur demandant s’ils estimaient possible la tenue des deux scrutins. Des débats parlementaires sur la question doivent également s’ouvrir mardi 13 avril.
Cette initiative de l’exécutif n’a pas tardé à susciter une levée de boucliers, notamment à droite. Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont d’ailleurs donné de la voix. Le premier a dénoncé sur BFM TV «de misérables petits calculs politiques», quand la seconde a accusé sur Franceinfo le gouvernement de vouloir «confiner la démocratie». Gérard Larcher a pour sa part menacé au micro de LCI de saisir le Conseil constitutionnel en cas de report du scrutin régional.
Initialement prévues en février, les régionales avaient déjà été reportées une première fois en juin au vu du contexte sanitaire.
Xavier Bertrand et Valérie Pécresse sont à ce jour les deux candidats de droite les mieux placés au premier tour pour les présidentielles 2022, selon un sondage Ifop-Fiducial pour le JDD. Le premier est crédité de 16% des intentions de vote, la seconde de 11%. Aucun des deux n’atteindraient cependant le second tour, devancés par Marine Le Pen et Emmanuel Macron.