Plus de 10 plaintes ont été déposées par de jeunes femmes victimes d’un faux recruteur sur LinkedIn. L’heure de l’entretien fixée, les femmes se retrouvaient devant l’écran pour, autant qu’elles l’espèrent, persuader le recruteur qu’elles méritaient tel ou tel poste via la plateforme Zoom. Mais les entretiens sont allés de travers.
Interrogées par le Parisien, plusieurs victimes se souviennent de «petits gémissements» et «cris de plaisir» lors de la conversation, paraissant professionnelle au départ.
«Il me demande de me mettre debout, de me tourner. Je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir, je le fais. Et puis, il me dit de soulever mon chemisier», raconte Cléo.
Âgée de 20 ans, la jeune femme était en quête d’un stage dans un cabinet d'avocat. Un exercice écrit s’ensuit, en direct, alors qu’elle entend des bruits étranges.
«Il m'a complètement manipulée pour son plaisir», a-t-elle confié par la suite à BFM TV. «À la fin, il me dit que je dois lui obéir, que s'il me demande de me déshabiller je dois le faire».
Une trentaine de victimes
Les faits se sont déroulés le 18 février. Le 23, Cléo a porté plainte et a posté un message sur LinkedIn, où le rendez-vous avait été fixé, pour faire part de ce qui est survenu.
Un groupe WhatsApp a réuni enfin 36 femmes pour pouvoir discuter de cette expérience.
Parmi elles, Anna-Marie, Bordelaise de 22 ans. L’entreprise pour laquelle l’homme prétend travailler lui a affirmé que c’était «au moins la dixième fois» qu’elle reçoit un signalement sur des agissements de ce dernier.
L’homme le conteste
Me Anne-Claire Le Jeune, avocate au barreau de Paris, a confirmé à BFM TV avoir saisi le parquet de Paris pour 10 cas de «harcèlement sexuel aggravé par l'usage de la voie électronique». Une enquête préliminaire est en cours.
«Il y a entre 30 et 40 victimes mais seulement 10 d'entre elles, pour l'instant, peuvent matérialiser le caractère sexuel répété de ces entretiens», explique-t-elle. «Les autres jeunes femmes ont subi des propos inadaptés et seront citées comme témoins dans ce dossier».
L’homme en question a de son côté indiqué à BFM TV sa détermination de «se défendre contre ces allégations très graves» et «fausses». Il affirme notamment ne pas voir «le lien entre ces entretiens et les accusations de harcèlement sexuel».
Vers une évolution?
Or, selon Ariel Weindling, fondateur de la plateforme de signalement des cas de discrimination ou harcèlement sexuel au travail NotMe Solutions, le phénomène s’est plutôt éteint grâce au télétravail, indique Forbes.
Pour lui, deux facteurs peuvent en être à l’origine: d’un côté, le fait qu’une désinvolture commise en réunion peut être facilement signalée et prouvée, et de l’autre la crainte de perdre son emploi en ce temps de précarité en signalant un méfait d’un collègue.