Une semaine après les révélations de M6 sur des dîners luxueux organisés par le chef Christophe Leroy et le collectionneur Pierre-Jean Chalençon, deux personnalités sont sorties du silence. Il s’agit de Brice Hortefeux, premier flic de France sous Nicolas Sarkozy, et d’Alain Duhamel, célèbre journaliste politique sur BFM TV, lesquels ont confié à Mediapart avoir déjeuné ensemble le 30 mars.
Leur repas n’a pas eu lieu au Palais Vivienne de M. Chalençon, lequel ne semble d’ailleurs pas être lié à cette affaire précise, mais a été organisé par M. Leroy dans un appartement du VIII arrondissement de Paris reconverti en restaurant clandestin. La rencontre devait se faire au siège des Républicains, avant que le lieu ne soit changé la veille à l’initiative de M. Hortefeux.
Le député européen a expliqué avoir été contacté à ce sujet par l’une de ses connaissances. «Si vous avez des déjeuners ou des dîners, il y a un business club dont je suis membre et c’est tout à fait possible d’organiser cela», lui aurait-elle dit. Il avait alors cherché à s’assurer de la légalité de cette pratique, suite à quoi des documents lui avaient été présentés.
«Cette personne me dit: “Il y a beaucoup de monde qui passe, des entreprises, des élus…” Quand vous savez cela, vous vous dites que vous êtes dans les clous», a-t-il plaidé.
«Un peu piégé»
Quant à Alain Duhamel, il a affirmé ne pas avoir su «de quoi il s’agissait» lorsqu’il a été informé du changement de lieu, croyant à un dîner chez M. Hortefeux ou l’un de ses amis. Arrivé sur place, il a remarqué que bien d’autres personnes s’y trouvaient.
«On m’a emmené tout de suite dans une petite salle à manger au fond, où nous étions trois […]. On m’aurait dit : vous êtes huit, j’aurais dit non, je n’y serais pas allé», a-t-il assuré auprès de Mediapart.
Quelques jours plus tard, la diffusion du reportage de M6 a lancé le scandale. L’éditorialiste a confié s’être senti «un peu piégé» et en avoir «mal dormi». Brice Hortefeux a lui aussi été surpris par l’affaire. «Cela vous tombe dessus comme un coup de massue. Je ne savais rien et, honnêtement, c’est très pénible. Je ne le vis pas très bien, je me suis excusé auprès d’Alain Duhamel, j’étais très gêné vis-à-vis de lui», a-t-il expliqué.
Pas un restaurant?
«D’après ce que j’ai compris depuis, ce n’est pas vraiment un restaurant mais un lieu avec un statut associatif ou de club, ce qui explique qu’ils auraient le droit de faire cela. C’est très incertain», a poursuivi l’ancien ministre. C’est visiblement ce qu’a également expliqué Christophe Leroy aux enquêteurs ce vendredi 9 avril.
«Les prestations qu’il a effectuées l’ont été, comme la loi l’autorise, dans des domiciles privés et non pas dans des établissements recevant du public (ERP) de type restaurant», a indiqué son avocat dans un communiqué cité par l’AFP.
Les gardes à vue de M. Leroy et Chalençon pour «mise en danger de la vie d’autrui» et «travail dissimulé» ont été levées vendredi en fin de journée. «À ce stade des investigations, aucun élément ne permet de mettre au jour la participation d'un membre du gouvernement aux repas qui font l'objet de cette enquête», a commenté le parquet de Paris.