Plusieurs médias français ont créé la polémique en tirant à boulets rouges sur le prince Philip, quelques heures après son décès. Alors que les hommages commençaient tout juste à affluer, Emmanuel Macron saluant la «vie exemplaire» du prince consort, certains médias français ont en effet pris le contrepied, décidant de mettre en avant une face supposée plus sombre du personnage.
Le Monde a ouvert le bal, en publiant un article à charge intitulé «Philip, prince des bourdes», moins de 30 minutes après l’annonce officielle du décès sur le compte Twitter de la famille royale.
Le texte reprochait notamment au défunt d’avoir fait preuve d’une «certaine condescendance aristocratique, voire de xénophobie ou de racisme impérial» sa vie durant. Et le quotidien de lister les boutades si britanniques qui ont fait la réputation du prince pendant des années, qualifiant certaines de «remarques franchement déplacées, voire stupides».
L’article a d’ailleurs suscité un tollé sur les réseaux sociaux, soulevant notamment l’indignation de Raphaël Enthoven. Le philosophe a ainsi comparé «l’humour anglais» du prince Philip avec «la connerie woke» promue, selon lui, par ce type d’article.
Dans @lemondefr aujourd'hui, une rencontre au sommet de l'humour anglais et de la connerie woke.
— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) April 9, 2021
La 2nde face au 1er est comme une poule devant un couteau. 🐔🔪
God bless #PrincePhilip https://t.co/hZXgfVRZlv
Le Monde s’est également attiré les critiques de l’écrivain Alexandre Jardin, qui a vu dans cet article le reflet de l’«ignominie» de l’époque.
Tiens, l’époque est à l’ignominie. Et au ball-trap des morts dignes. La France aime-t-elle encore la vie ? Ce journal sombre https://t.co/CDGA4B00gR
— Alexandre Jardin (@AlexandreJardin) April 9, 2021
Certains confrères journalistes se sont également émus du traitement du sujet. Jean-Christophe Buisson, directeur-adjoint du Figaro, pointant notamment du doigt le quotidien «dans ses basses œuvres».
"Le Monde" dans ses (basses) oeuvres. Disgusting.#PrincePhilip https://t.co/xFp9CFfjGt
— J-Christophe Buisson (@jchribuisson) April 9, 2021
L’AFP a par la suite proposé une compilation des «blagues parfois de mauvais goût» du mari d’Élisabeth II. Comme souvent cet article, plutôt neutre, a été repris et parfois étoffé par plusieurs médias, de BFM TV à RTL en passant par le HuffPost.
L’Obs y a ajouté sa touche personnelle, dénonçant tout à la fois le «racisme», la «grossophobie», le «validisme», le «sexisme» et la «xénophobie» censés transpirer des plaisanteries du prince consort. Le tout couronné de «manque de finesse et mépris».
Les Britanniques plus consensuels
Une attitude qui tranche avec celle de la presse britannique, beaucoup plus consensuelle sur le sujet, ce 10 avril. Outre-Manche, la plupart des journaux ont ainsi rendu hommage au prince consort. Beaucoup l’ont affiché en Une, accompagné de la reine Élisabeth II, insistant sur la longévité du couple, comme le Daily Mail qui titrait «Adieu mon bien-aimé».
Longest Daily Mail newspaper ever at 144 pages rolls off printing presses as UK mourns Prince Philip https://t.co/xnqlGiW5UE
— Daily Mail U.K. (@DailyMailUK) April 10, 2021
Le Daily Express saluait pour sa part en Une un «homme extraordinaire», assurant partager le chagrin de la souveraine, désormais veuve. Même prévenance pour le Sun qui titrait «Nous pleurons tous avec vous Madame».
Today's front page: We’re all weeping with you Ma’am — Philip was dedicated, dutiful and so devoted https://t.co/xsOmweT1ZG pic.twitter.com/f8BXhpyzDK
— The Sun (@TheSun) April 10, 2021
Une couverture médiatique qui a cependant pu sembler excessive à certains Britanniques. La BBC, qui avait suspendu ses programmes sur plusieurs chaînes pour couvrir l’événement, a ainsi été confrontée à de nombreuses plaintes d’auditeurs. Accusé d’en faire trop, le diffuseur a même dû mettre en place un formulaire simplifié pour les plaintes.