Le 25 mars dernier, le Sénat a ordonné à la sénatrice Les Républicains (LR) Joëlle Garriaud-Maylam de suivre un processus d’accompagnement pour «mieux exercer ses responsabilités d’employeur», après que son attaché parlementaire a dénoncé le harcèlement moral qu’il subissait au travail. L’élue a réagi le lendemain en convoquant ce dernier. Elle envisage de le licencier pour faute grave, révèle Capital.
L’attaché en question, qui est en arrêt maladie depuis août 2019, a attaqué la sénatrice aux prud’hommes pour «harcèlement moral», une affaire dont le jugement est attendu le 8 juillet. Il a également porté plainte contre X pour «non-dénonciation d’un délit» en visant le président du Sénat Gérard Larcher (LR), au courant des dysfonctionnements managériaux de l’élue depuis des années.
Licenciement potentiel
La sénatrice des Français de l’étranger, bien qu’exposée à des sanctions disciplinaires du Sénat comme une privation de ses indemnités voire une exclusion temporaire, n’a pourtant pas hésité à convoquer en retour son employé pour un entretien professionnel prévu ce lundi 12 avril, en vue de «prendre une mesure disciplinaire […] pouvant aller jusqu’à un licenciement pour faute grave».
Elle lui reproche d’avoir dissimulé être l’auteur de la plainte contre X, ce qui constituerait une violation de la clause de réserve et de loyauté de son contrat de travail, précise Capital. L’avocate de l’attaché parlementaire évoque quant à elle un «flot de menaces et d’intimidations» qui ont mené à la dépression de son client, déjà convoqué deux fois auparavant pour un «entretien préalable à un licenciement».
Réputation
Mais c’est loin d’être la première histoire de harcèlement qui touche Mme Garriaud-Maylam. Comme le rapportait Mediapart en juin 2020, une ancienne collaboratrice s’est effondrée dans son bureau en novembre 2016 des suites d’un malaise «causé par le harcèlement». «En arrêt de travail, l’ancienne assistante a mis près de neuf mois à se relever, à raison de trois séances de psychothérapie par semaine», indique le média.
La réputation de la sénatrice date bien d’avant 2016. En poste depuis 2004, elle a vu défiler pas moins de 40 collaborateurs dans son bureau. «Nous observons, depuis des années, une valse des collaborateurs auprès de cette sénatrice. Tous nous ont fait part de leur détresse», a témoigné une ex-employée.
«La plupart de ces postes étaient des CDD, destinés à de jeunes étudiants ou des premiers emplois, afin de leur permettre, au travers de missions temporaires, d’acquérir une toute première expérience professionnelle», a expliqué Mme Garriaud-Maylam à Mediapart, assurant n’avoir «jamais insulté qui que ce soit, pas plus que je n’ai cherché à dénigrer ou rabaisser qui que ce soit».