Un mois après sa condamnation pour atteinte à la présomption d’innocence, Assa Traoré va de nouveau être confrontée à la justice. La sœur d’Adama Traoré a en effet annoncé avoir été mise en examen, dans une vidéo sur les réseaux sociaux.
La militante antiraciste n’a pas dévoilé la teneur exacte de cette nouvelle procédure. Elle a cependant vivement blâmé la justice française, l’accusant de «fermer les yeux» sur la mort de son frère, décédé suite à son interpellation dans le Val-d’Oise en 2016.
«Aujourd’hui, la justice de ce pays décide de me mettre en examen, parce que j’ai osé dire que G., U. et F. étaient responsables de la mort de mon petit frère […]. Cette justice française ne mérite pas son nom quand elle continue à s’acharner et à prendre pour cible la famille Traoré», a-t-elle expliqué.
La militante a également déclaré que la justice française se mettait en porte-à-faux avec des «experts du monde entier», ayant conclu à la responsabilité des gendarmes dans le décès de son frère. Un rapport réalisé par un médecin légiste américain avait en effet conclu à une «asphyxie positionnelle» en mars dernier.
Un mois avant, une expertise de médecins belges penchait plutôt pour «un coup de chaleur» d’Adama Traoré, possiblement «aggravé» par les manœuvres d’immobilisation des agents.
Décriée et célébrée
Ce n’est pas la première fois qu’Assa Traoré a des démêlés avec la justice. Début mars, elle avait été reconnue coupable, après avoir dévoilé l’identité des trois gendarmes qu’elle soupçonne d’avoir tué son frère. Dans des publications Facebook, elle les avait tour à tour accusés d’avoir «tué» et «laissé pour mort» la victime, bafouant ainsi la présomption d’innocence. Elle avait été condamnée à verser 4.000 euros aux plaignants.
Quelques jours plus tard, elle avait été verbalisée en tentant de rendre visite à un autre de ses frères durant le couvre-feu.
Figure du milieu antiraciste, Assa Traoré compte de nombreux détracteurs comme de nombreux défenseurs. Son combat est notamment salué outre-Atlantique. Elle avait notamment été nommée parmi les «gardiens de l’année» 2020 par le Time Magazine, en décembre. Engagée en faveur du mouvement Black Lives Matter, elle s’est également vue remettre un BET Award, prix décerné par la chaîne de télévision BET à des personnalités afro-américaines ou issues des minorités.
Assa Traoré and racial-justice organizers are TIME's 2020 Guardians of the Year https://t.co/5OFcHqlzR2 pic.twitter.com/xyidngMWia
— TIME (@TIME) December 11, 2020
Une notoriété presque hollywoodienne, qui fait dire à certains que la militante est utilisée comme «cheval de Troie» par les États-Unis pour dénigrer la France.
En France, Assa Traoré a notamment reçu le soutien du philosophe Geoffroy de Lagasnerie ou de l’écrivain Édouard Louis. Dans la sphère politique, les figures de LFI Jean-Luc Mélenchon et Danièle Obono la soutienne régulièrement.
Avant la manifestation avec Édouard Louis, Didier Eribon, Daniele Obono et Jean-Luc Mélenchon pic.twitter.com/v7RpjaxsC3
— Geoffroy de Lagasnerie (@gdelagasnerie) June 13, 2020
Mais la sœur d’Adama Traoré essuie aussi quelques critiques. Fin mars, Manuel Valls l’avait ainsi accusé sur France 2 d’être l’une des deux mâchoires de la «tenaille identitaire», l’opposant à Éric Zemmour. L’écrivain Rachel Khan avait également dénoncé sa «stratégie de communication» et son «opportunisme dérangeant» dans un entretien au Figaro, le 12 mars.
Des désaccords qui vont parfois jusqu’à l’hostilité, comme l’a montré une récente altercation entre la militante antiraciste et un homme devant l’Odéon. Son contradicteur l’avait notamment accusée d’être une «raciste antiblanche».