Invitée vendredi 2 avril sur La Chaîne parlementaire, la vice-présidente du groupe écologiste au Sénat Esther Benbassa a fustigé le durcissement par la droite sénatoriale du texte de la loi contre le séparatisme voté par les députés.
La sénatrice affirme que le texte amendé par le Sénat s’inscrit dans la préparation par la droite de la présidentielle de 2022.
Elle estime que la droite sénatoriale profite du texte pour «préparer la présidentielle et ramasser des voix chez la droite dure et le Rassemblement national».
Un «acharnement» rappelant celui «contre les juifs»
«Moi, personnellement, ce qui m’a interpellée, c’est cet acharnement contre les musulmans. Et parfois j’étais gênée, moi qui suis historienne des juifs, cela m’a rappelé des périodes où on s’acharnait contre les juifs. Là, il y a un acharnement contre les musulmans!», affirme-t-elle, refusant cependant d’employer le terme de «racisme d’État», à la différence de certains de ses collègues.
Esther Benbassa trouve que le préambule du texte cible les musulmans sans détour.
«C’est clairement dit qu’il y a une communauté qui insidieusement s’immisce dans le pays et gangrène la société française», relève-t-elle.
Ne pas aggraver le «repli» des musulmans
Elle trouve que le texte risque d’aggraver encore plus un retrait des musulmans, qui sont déjà «repliés sur eux-mêmes».
«Tous les musulmans ne sont pas islamistes… dans l’imaginaire de nos concitoyens, il y a une confusion entre musulmans et islamistes, islam radical, politique… Si on veut ne pas renforcer ce repli, il ne faut pas aller dans ce sens», prévient la sénatrice.
Les parlementaires, majoritairement à droite au Sénat, ont en effet adopté un certain nombre d’amendements, comme l’interdiction des drapeaux étrangers dans les mariages, ou l’interdiction du port du voile pour les accompagnatrices scolaires.