Coup d’État manqué au Niger: le Président élu Bazoum doit «rassurer et réunifier l’armée»

© AFP 2024 ISSOUF SANOGOMohamed Bazoum
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À deux jours de la fin de son mandat, le Président nigérien Mahamadou Issoufou a échappé à un coup d’État perpétré par une unité de l’armée. Si la situation est sous contrôle, selon le gouvernement, elle met en exergue un défi auquel est confronté le Président élu Bazoum, celui de rassurer et de gagner la confiance de son armée.

Échec pour les auteurs de la tentative de coup d’État contre le Président du Niger, Mahamadou Issoufou, à 48 heures de la fin officielle de son mandat et de la transmission du pouvoir à celui qui fut son dauphin, le Président élu Mohamed Bazoum.

«Dans la nuit du 30 au 31 mars 2021, une tentative de coup d’État a été déjouée», a annoncé, mercredi dans la nuit, le ministre porte-parole du gouvernement Abdourahamane Zakaria dans un communiqué lu à la télévision nationale.

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C’est la troisième fois depuis 2011 que le pouvoir de Mahamadou Issoufou annonce avoir déjoué une tentative de coup d’État. Depuis 1974, le pays a connu quatre putschs.

Selon les premières informations diffusées par l’AFP, citant des sources sécuritaires, c’est le chargé de la sécurité de la base aérienne 101 de Niamey, le capitaine Gourouza, qui serait le chef des putschistes qui ont pris pour cible le palais présidentiel, avant d'être mis en déroute par la garde présidentielle. L'officier serait actuellement en fuite et activement recherché par les autorités nigériennes, alors que d'autres assaillants ont été arrêtés.

«Plusieurs personnes en lien avec cette tentative de coup d’État ont été interpellées et d'autres activement recherchées. Le gouvernement condamne cet acte lâche et rétrograde voulant mettre en péril la démocratie et l’État de droit dans lequel notre pays s’est résolument engagé», poursuit le communiqué du gouvernement nigérien.

Une enquête a été ouverte et «la situation est totalement sous contrôle», rassure le gouvernement. Au lendemain de l'attaque, la télévision nationale a d'ailleurs montré des images de Mahamadou Issoufou présidant une cérémonie d'investiture de deux nouveaux membres de la Cour constitutionnelle, comme si de rien n'était.

«Une armée divisée»

L’élection de l'ancien ministre de l'Intérieur Mohamed Bazoum est toujours contestée par son challenger au second tour du scrutin présidentiel du 21 février dernier, l’opposant et ancien Président Mahamane Ousmane.

Dans une déclaration datant du 22 mars dernier, ce dernier a même appelé les Nigériens à la désobéissance civile et les forces de défense à «n’obéir à aucun ordre manifestement illégal et de surcroît, donné par une autorité illégale et illégitime».

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Or, la contestation qui entoure l’élection de Mohamed Bazoum comme nouveau Président du Niger est un facteur qui le fragilise avant même sa prise de pouvoir, reconnaît Abdelkérim Koundougoumi, politologue tchadien et chercheur associé au sein du think tank Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE).

Interrogé par Sputnik, il affirme que cette tentative de coup d’État «démontre une division au sein de l’armée nigérienne sur l’élection du nouveau Président», Mohamed Bazoum, dont le choix comme dauphin par le Président sortant a déjà soulevé «beaucoup de tensions» au sein de la mouvance présidentielle.

La situation créée par cette tentative de coup d’État, poursuit le chercheur tchadien, ajoute davantage aux défis de gouvernance qui attendent le nouveau Président Mohamed Bazoum.

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Le premier explique-t-il, «sera celui de l’allégeance de l’ensemble de l’armée au pouvoir. Le Président Bazoum va devoir se poser en rassembleur pour réunifier cette armée, restaurer la confiance au sein de cette l’armée, et rassurer les officiers».

Ensuite, poursuit-il, le nouveau chef d’État doit «réussir très vite à réconcilier le Niger avec ses enfants dans l’ensemble» en «organisant un dialogue avec l’opposition» qui conteste sa légitimité.

«Il doit le faire, parce que la priorité pour l’instant, c’est d’arriver à apaiser la tension qui surchauffe le pays et rassurer sur la question sécuritaire et le terrorisme dans le pays. Une tendance à la vengeance [contre la partie de l'armée qui ne lui serait pas favorable, ndlr] lui sera plutôt suicidaire», détaille Abdelkérim Koundougoumi.

Mohamed Bazoum prendra fonction en tant que chef d’État du Niger le 2 avril 2021 et son investiture est prévue pour le 7 avril à Niamey.

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