«Quatre ou cinq malades pour un lit disponible», alerte le chef d’un service de réanimation en Île-de-France

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Lit d'hôpital - Sputnik Afrique, 1920, 31.03.2021
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Pour le docteur Djillali Annane, «il est impensable» que «dans une semaine, la tension sanitaire se soit réduite de façon significative» en Île-de-France. Alors qu'Emmanuel Macron devrait annoncer de nouvelles mesures face à la situation qui se dégrade, le Dr Annane prône la prise de décisions «courageuses de la part du gouvernement».

C’est depuis des semaines que la situation sanitaire en Île-de-France est alarmante, le taux d’incidence y étant l’un des plus élevé du pays. Le 25 mars, Jean Castex l’a qualifiée d’«extrêmement préoccupante» et a appelé à «plus que jamais se serrer les coudes». Le 30 mars, le professeur Djillali Annane a estimé auprès de Franceinfo que dans ce contexte «il ne faut plus attendre pour de nouvelles mesures».

«Nous attendons une prise de conscience qu'aujourd'hui, la situation a atteint un niveau de criticité extrêmement sévère», a tranché le chef du service de réanimation à l'Hôpital Raymond Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine.

Il a pointé sur le taux de saturation dans les hôpitaux d’Île-de- France, indiquant qu’il s’élève désormais à 130%.

«Nous sommes confrontés dès maintenant à la priorisation. Ça veut dire que l'on a quatre ou cinq malades pour un lit disponible», a-t-il précisé.

41 urgentistes et réanimateurs de l’AP-HP ont déjà tiré la sonnette d’alarme dans une tribune parue le 28 mars dans Le Journal du Dimanche. Ils ont expliqué craindre être bientôt contraints de «trier» les patients. Tout en parlant d’une situation «jamais connue», «même pendant les pires attentats subis ces dernières années», ils ont précisé que «ce tri concernera tous les patients, Covid et non Covid, en particulier pour l'accès des patients adultes aux soins critiques».

«Le seul moyen de sauver des vies»

Le Dr Djillali Annane a également esquissé «la réalité sur le terrain».

«Au rythme de 30.000 ou 35.000 contaminations par jour, si on attend ne serait-ce que deux jours, cela veut dire 70.000 personnes supplémentaires qui se sont contaminées», a-t-il expliqué.

Et de poursuivre qu’«environ 10% d’entre elles se retrouveront à l’hôpital et environ 5% d’entre elles iront en réanimation, avec une personne sur trois en réanimation qui va décéder».

Il a donc estimé qu’«il est impensable d’imaginer que dans une semaine, la tension sanitaire se soit réduite de façon significative».

À cet égard, il a prôné des «décisions importantes et courageuses de la part du gouvernement». Les Français attendent à ce titre ce mercredi soir une allocution d'Emmanuel Macron durant laquelle il pourra annoncer d'éventuelles nouvelles mesures sanitaires face à la 3e vague qui se dessine dans l'Hexagone.

Celles-ci «permettront d'arrêter ou de réduire considérablement la circulation du virus parce que c'est le seul moyen de sauver des vies».

Le 30 mars, le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon, a déploré sur France Inter «le mur dans lequel on va», ceci «quelle que soit la décision politique».

«Si on confine durement au 1er avril, on aura 3.200 patients mi-avril. Si c'est plus tard, ça sera plus de 4.000, soit 400% de la capacité normale de la réanimation. Si on la laisse monter, on aura une situation à la Lombarde, ou les patients mourront sur les brancards.»
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