La polémique autour des différents types de vaccins contre le Covid-19 bat son plein et elle prend parfois des formes inattendues: les propriétaires du bar parisien Sputnik, dans le quartier de la Butte-aux-Cailles (XIIIe arrondissement), n’ont pas hésité à modifier leur nom pour afficher leur attachement à la possibilité de choisir le contenu d’une seringue vaccinale.
«Mon ami Goran, qui travaille ici, a dit: “Ajoutons le ‘V’, pour affirmer ce que l’on pense”. Je pense qu’il serait intéressant qu’en France, on puisse avoir le vaccin russe», assure au micro de Sputnik Stephane Skoric, copropriétaire du bar.
Parfaitement internationale, l’entreprise a été fondée en 1989 par cinq associés: un Sénégalais, un Bulgare, un Serbe, un Cambodgien et un Français. Le cofondateur de ce qui était à l’origine un cybercafé assure «n’avoir jamais caché sa sympathie pour l’URSS ni pour la Russie actuelle ni pour l’Europe de l’Est.»
«Les Parisiens populaires sont très réceptifs aux différentes cultures. Comme nous sommes plusieurs à avoir des origines slaves, nous avons fait un clin d’œil au premier satellite envoyé dans l’espace», souligne Stephane.
«Il ne devrait pas avoir de frontières pour les vaccins. Il faut que l’on sauve le maximum de vies. Il existe déjà de nombreux pays dans le monde qui utilisent le vaccin russe. Et ici, on est toujours en pénurie de vaccins. Alors, pourquoi ne pas l’utiliser?», s’interroge Stephane Skoric.
Le patron du bar fait confiance au produit mis au point par les «chercheurs russes, de grands scientifiques». Pour lui, «si le vaccin russe fonctionne en Russie, en Inde, en Serbie et ailleurs», alors en France, cela fonctionnera aussi. «Plus on a des vaccins, mieux c’est», clame Stephane.
Créer un «vaccinodrome», pourquoi pas?
Le changement de nom sur la marquise du bar attire déjà les regards, les gens s’arrêtent, «curieux de savoir» si ici, on s’apprête à vacciner. Le restaurateur y voit le signe qu’«en France, de plus en plus de personnes veulent se faire vacciner.». Et d’obtenir le vaccin Spoutnik V «en plus des autres» lui paraît une bonne voie pour «sortir plus rapidement de la situation actuelle.»
«Nous avons discuté avec mes associés: si nous pouvions mettre en place un site de vaccination, nous le ferions de bon cœur. Ça serait avec plaisir si, au lieu de rester fermés, nous pouvions contribuer à vacciner», conclut Stephane Skoric.
Le commissaire européen au Marché intérieur a toutefois précisé depuis les propos qu’évoque Stephane que tous les vaccins étaient «les bienvenus» en France. «J’ai beaucoup de respect pour les scientifiques russes et donc je n’ai aucune raison de douter de l’efficacité de ce vaccin», a ajouté Thierry Breton. Les espoirs des partisans de la vaccination tous azimuts, quelle que soit la provenance des sérums, ne seraient-ils donc pas vains?