Urrugne, une commune du Pays basque située dans le département des Pyrénées-Atlantiques et peuplée d’un peu plus de 10.000 habitants, a vu apparaître il y a quelques jours des affiches placardées sur les murs. Avec un message désobligeant adressé aux habitants de la capitale française.
«Parisiens, rentrez chez vous. Vous êtes le virus du Pays basque», accompagné du slogan Alde hemendik (Hors d’ici, en basque).
Aperçu à Urrugne 😊 pic.twitter.com/owiI1CaSkO
— 𝓙𝒆𝓻𝒆𝓶®️ (@jeremab) March 26, 2021
Un appel apparemment adressé à ceux qui ont fui la capitale dès l’annonce de nouvelles mesures restrictives.
La mairie d’Urrugne a fait enlever ces affiches et banderoles et le conseiller municipal Les Républicains Henri Levréro a dénoncé cette démarche.
En tout cas le virus de la connerie n’a pas épargné les auteurs de cette banderole.
— Henri Levréro (@Henrilevrero) March 26, 2021
Une honte absolue, notre village n’a pas à subir ce type de dégradations.#urrugne pic.twitter.com/KDAkeSxqQw
Or, certains habitants craignent de se retrouver face à une montée en flèche des contaminations, ce qui fut déjà le cas.
«L’année dernière, quand les vacanciers sont arrivés, on s’est retrouvés au mois de septembre rouge ici», a déclaré l'un d'eux à TF1.
D'autres se montrent plus modérés.
«Dans le fond, ils ont respecté la règle. On leur dit qu'ils sont confinés un samedi et ils partent le jeudi. En fait, je pense que tout est un peu ridicule et illogique dans les règles actuelles», indique une riveraine.
Action «consciente et réfléchie»
Toutefois, l’histoire ne s’est pas arrêtée là et a connu une suite, car les auteurs du slogan ont cherché à se justifier sur les réseaux sociaux.
Euskal Herria ez da salgai!! pic.twitter.com/iSDCuRO7D8
— gorriargi (@Gorriargi) March 27, 2021
Ils commencent par expliquer que leur action était «consciente et réfléchie» et que «l’effet obtenu dépasse» leurs attentes au vu de «l’avalanche de réactions». Ils ajoutent toutefois qu’ils n’avaient pas l’intention de «dénigrer tous les Parisiens ou Français venus s’installer au Pays basque», affirmant que celui-ci «a toujours été une terre d’accueil».
Ce message s’adresse ainsi aux Parisiens «tout juste confinés» qui sont venus «occuper leurs maisons secondaires».
«C’est dans ce contexte que de nombreuses personnes venues des quatre coins de France ont accouru, les poches remplies, envahir notre marché immobilier», notent les auteurs.
Constatant qu’il en découle une «flambée des prix immobiliers [et des] difficultés pour nos jeunes de se loger les poussant à s’exiler», ils concluent en parlant de la «perte de notre langue, culture, identité et valeurs».
Contaminations au Pays basque
Le taux d’incidence qui s’était stabilisé depuis le 23 mars dans les Pyrénées-Atlantiques est remonté pour passer de 79,6 à 84,6 cas positifs pour 100.000 habitants au 25 mars. Il reste toutefois le deuxième plus bas en France métropolitaine.
Pourtant, le 11 mars, la région ne comptait que 42 cas de coronavirus pour 100.000 habitants, un taux largement inférieur au chiffre national qui était alors de 220.
Une situation que les spécialistes ont tenté d’expliquer par plusieurs hypothèses, allant du climat de la région à l’alimentation et la génétique de la population en passant par la piste des mutations, le Pays basque étant moins touché que le reste de la France par le variant anglais. Sans en privilégier aucune.
«On n’a pas d'explication claire et nette», avait déclaré auprès du Figaro Sophie Larrieu, épidémiologiste à la cellule Nouvelle-Aquitaine de Santé publique France.
Rien de nouveau
La campagne anti-Parisiens est apparue bien avant l’épidémie de Covid-19. Ainsi, des autocollants et des tags demandant aux Parisiens de «rentrer chez eux» avaient fleuri en octobre 2017 dans les rues de Bordeaux.
"Parisien rentre chez toi" : pourquoi tant de haine à Bordeaux ?https://t.co/gxq4qxGwZ5 pic.twitter.com/JWR4v4xWYX
— Sud Ouest Bordeaux (@SO_Bordeaux) October 23, 2017
Le quotidien Le Parisien avait évoqué les reproches formulés aux habitants de la capitale. À l’époque, sur les autocollants, un TGV rappelait que l'Océane, la ligne à grande vitesse, reliait Paris à Bordeaux en deux heures au lieu de trois, ce qui, pour certains habitants de la ville, a provoqué l’inflation des prix de l'immobilier, la fuite des classes populaires et des bouchons supplémentaires.