Situation en Syrie: «un nouveau "trou noir" risque de faire son apparition sur la carte du Moyen-Orient»

CC BY-SA 3.0 / Amjad helo / Masyaf 001Ville de Masyaf, Hama, Syrie
Ville de Masyaf, Hama, Syrie - Sputnik Afrique, 1920, 30.03.2021
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Alors qu’après 10 ans de guerre la situation en Syrie n’en finit pas de se détériorer, la conférence Bruxelles V sur le thème «Soutenir l’avenir de la Syrie et de la région» se déroule sans la participation des autorités de ce pays, constate un chef adjoint de la diplomatie russe, ajoutant que Moscou continuera d’accorder son aide à Damas.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine a critiqué le refus de l'Union européenne d'inviter des représentants des autorités officielles de Damas à la 5e conférence de Bruxelles de donateurs de la Syrie.

«Comme avant, il est proposé d’examiner toutes ces questions urgentes pour la Syrie et les Syriens sans leur participation directe», a déploré le diplomate russe en visioconférence.

Il a rappelé que, sur fond de pandémie et de durcissement des sanctions unilatérales, la Syrie était confrontée à une crise humanitaire d’ampleur et que, pour la résoudre, il était notamment indispensable de restaurer les infrastructures.

«Cependant, tous ces appels sont ignorés au profit de directives politisées sur le refus de la reconstruction humanitaire et la discrimination des territoires gouvernementaux, sur l'étouffement par des sanctions assorties à l’exigence de changements politiques en Syrie», a souligné Sergueï Verchinine.

Il a ajouté que l'aggravation de la crise humanitaire en Syrie risquait de déboucher sur des conséquences désastreuses.

«Nous appelons à réfléchir aux résultats de l'effondrement social et économique en Syrie... Un nouveau "trou noir" risque de faire son apparition sur la carte du Moyen-Orient, à l'instar du Yémen et de la Libye, et l'Occident verra déferler une nouvelle vague de réfugiés», a poursuivi Sergueï Verchinine.

Il a confirmé que la Russie continuerait d'accorder son aide à Damas dans la lutte contre le danger terroriste.

«Il est impossible d'établir une paix stable et durable en Syrie et dans la région sans démanteler les foyers terroristes, sans rétablir l'intégrité territoriale du pays, ce qui signifie que la lutte intransigeante contre les terroristes doit être poursuivie et nous continuerons à accorder notre soutien aux Syriens dans ce domaine», a-t-il fait remarquer.

La cinquième conférence de donateurs de la Syrie, organisée par l'Union européenne et les Nations unies, se tient les 29 et 30 mars. La rencontre de Bruxelles se déroule sous forme de visioconférence sans la participation des autorités officielles de Damas, l'UE n'entretenant pas de relations avec celles-ci.

Le Conseil de l'Union européenne a précédemment imposé des sanctions contre le gouvernement syrien dont la durée est prolongée tous les ans. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait déclaré à la mi-mars que l'UE ne lèverait pas ses sanctions contre la Syrie et ne contribuerait pas au relèvement du pays sans transition du pouvoir.

Situation en Syrie

Sergueï Verchinine avait d’ailleurs constaté dès lundi une situation humanitaire particulièrement difficile dans les territoires qui ne sont pas contrôlés par Damas.

«Il est à noter que la situation la plus grave, selon les Nations unies, se forme dans les zones non contrôlées par Damas dans le nord-ouest, le nord et le nord-est de la Syrie, et que la responsabilité en incombe, je le rappelle, aux pays et autorités locales qui les occupent de facto», a-t-il noté lors d'une réunion en visioconférence du Conseil de sécurité de l'Onu sur la situation humanitaire en Syrie.

Il a rappelé dans ce contexte que plus de 90% des Syriens vivaient aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, 60% ne mangeaient pas à leur faim, tandis que deux millions d’enfants n’avaient pas accès à l’instruction.

«L’impact écrasant de la pandémie»

L'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) fait savoir sur son site que cette année, plus de 10 milliards de dollars, soit environ 8,5 milliards d’euros, sont nécessaires pour soutenir les Syriens et les communautés qui accueillent des réfugiés.

Un communiqué de presse conjoint du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) affirme que le nombre de personnes qui ont actuellement besoin d'une aide humanitaire en Syrie et dans la région est de quatre millions plus élevé qu'en 2020.

Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, fait remarquer que les difficultés des réfugiés syriens ont été aggravées cette année «par l’impact écrasant de la pandémie».

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), environ 13,4 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire en Syrie, 6,7 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays et plus de 5,6 millions de réfugiés dans les pays voisins et dans l'ensemble de la région.

Dans un communiqué de presse diffusé le 11 mars, le Parlement européen avait constaté «l’effondrement économique et la crise humanitaire» en Syrie.

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