Toujours au stade de l’examen par l'Agence européenne des médicaments (EMA) en vue de son autorisation dans l’Union européenne, le Spoutnik V fait l’objet de négociations entre Vienne et les producteurs du vaccin russe, annonce la chancellerie autrichienne.
«Il ne doit pas y avoir d’œillères géopolitiques quand il s’agit des vaccins. La seule chose qui doit compter c’est de savoir si le vaccin est efficace et sûr, pas d’où il provient», a estimé Sebastian Kurz dans le communiqué, relayé par le quotidien autrichien Oe24.
Il a expliqué qu’il avait un «un bon échange avec la partie russe depuis février, ce dont [il est] très reconnaissant.»
«Si l'Autriche reçoit un million de doses supplémentaires de vaccin, un retour plus rapide à la vie normale serait possible et nous pourrions sauver de nombreuses vies et emplois», a-t-il estimé.
Tout en précisant qu’une livraison de 300.000 doses était prévue en avril, la chancellerie a indiqué que 500.000 devraient être livrées en mai et 200.000 début juin. Qui plus est, un «accord de non-divulgation pour le partage de documents confidentiels a déjà été signé». La décision d'achat n'a toutefois pas encore été prise, a tempéré la chancellerie.
Le 26 février, lors d'une conversation téléphonique, Vladimir Poutine et Sebastian Kurz ont évoqué une éventuelle livraison du Spoutnik V à l’Autriche ainsi qu’une production commune sur son territoire.
Perception du Spoutnik V en Europe
Au 30 mars, 58 pays ont autorisé l’usage du Spoutnik V, dont la Hongrie, membre de l’UE. En outre, plusieurs entreprises à travers le monde ont conclu un accord de production sur leur territoire. Or, le vaccin n’a pas encore été approuvé par l’EMA.
Après avoir estimé le 21 mars que l’UE n’avait «absolument pas besoin du Spoutnik V», le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, a quelques jours plus tard appuyé qu’il n’avait «aucune raison de douter de (son) efficacité» et que tous les vaccins étaient «les bienvenus», mais qu’une fois approuvé il faudrait environ un an pour lancer sa fabrication. Cela ne résoudra donc pas le «problème qui est le nôtre».
Parallèlement, la ministre française déléguée en charge de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher a précisé sur RMC le 29 mars que «Spoutnik V a déposé tardivement son dossier» et qu’il serait examiné «aussi rapidement que possible mais rapidement, c’est deux mois». En outre, elle est «en contact avec leurs équipes pour trouver des endroits où développer des capacités de production».
Or, l’attitude envers le vaccin au sein du gouvernement français est plutôt négative. Jean-Yves Le Drian l’a qualifié d’«outil de propagande», Emmanuel Macron a parlé de «velléités de déstabilisation d'influence».
Le maire de Nice Christian Estrosi semble néanmoins déterminé à se procurer des doses pour son département, l’un des plus impactés par l’épidémie. Il a confié ce 30 mars sur BFM TV qu’il pouvait «passer des commandes» du médicament russe pour monter en puissance la vaccination dans les Alpes-Maritimes.