Berlin a suspendu ce mardi 30 mars l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca pour les patients de moins de 60 ans. Ceci même alors que ce médicament est appuyé par l'autorité sanitaire européenne EMA et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La décision a été prise «par précaution» par Dilek Kalayci, la responsable de la Santé pour le Sénat de Berlin, laquelle l’a expliquée par «de rares effets indésirables graves».
Toujours ce 30 mars, Munich a rejoint la décision de la capitale tout comme, selon la chaîne Rbb, le Land du Brandebourg.
Les premiers à avoir pris cette décision
Dans la matinée, les cliniques publiques de Berlin ont suspendu les vaccinations avec l’AstraZeneca pour les femmes de moins de 55 ans, rapporte le Tagesspiegel.
«Bien qu'il n'y ait pas eu de complications dans la Charité après les vaccinations avec l’AstraZeneca, la Charité veut agir par précaution et attendre les évaluations finales», a déclaré au journal l’hôpital.
Des milliers d'employés ont déjà reçu une première dose d'AstraZeneca dans les hôpitaux de la Charité et de Vivantes.
Au total, 19.000 employés travaillent à la Charité. Selon le Tagesspiegel, les deux tiers sont vaccinés, 70% d'entre eux avec l’AstraZeneca. Il y en a 17.000 dans le groupe Vivantes, qui englobe également des maisons de retraite médicalisées en plus de cliniques.
L’attitude des pays européens envers le vaccin d’AstraZeneca
Cette décision va pourtant à l’encontre des préconisations de l'autorité sanitaire européenne EMA et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui ont déclaré que les bénéfices étaient supérieurs aux risques à la suite d’une enquête de l'Agence du médicament (ANSM). Celle-ci a confirmé le 26 mars l'existence d'un risque «rare» de thrombose atypique associé au vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19.
La Haute Autorité de santé a toutefois recommandé de le réserver aux personnes de 55 ans et plus car jusqu'alors les cas de thrombose veineuse cérébrale ont uniquement été observés chez les tranches d’âge inférieures.
Un sondage de YouGov mené au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Espagne ainsi qu’en Italie et publié le 22 mars montre que la confiance européenne dans le vaccin a chuté après qu'au moins 17 pays ont suspendu ou retardé son utilisation. Selon l'institut YouGov, ce vaccin est perçu comme plus dangereux que sûr dans tous ces pays, sauf en Grande-Bretagne, pays producteur.
Le baromètre BVA-Orange-RTL réalisé les 17 et 18 mars fait également état d’une inquiétude manifeste des Français à l’égard du vaccin d’AstraZeneca, montrant que seulement 44% d’entre eux sont disposés à se faire vacciner avec.
La reprise non désirée par tous les pays
Malgré ces avis des institutions internationales, certains pays se montrent sceptiques quant à la poursuite de la vaccination avec l’AstraZeneca. Par exemple, la Norvège et le Danemark ont prolongé la semaine dernière de trois semaines la suspension du vaccin britannico-suédois.
Les autorités de santé du Canada ont recommandé lundi 29 mars aux provinces de le réserver aux personnes âgées de plus de 55 ans et «une pause chez les adultes de moins de 55 ans dans l'attente d'une analyse des risques et bénéfices».
Cependant d’autres pays comme la France ont repris de la campagne d'immunisation avec le vaccin d'AstraZeneca dès le 19 mars. Cette annonce a été faite par Jean Castex qui s’est fait inoculer avec le même jour.
Ces polémiques et le scepticisme autour du vaccin d’AstraZeneca sont peut être à l’origine du changement de nom demandé auprès de l'Agence européenne des médicaments, approuvé le 25 mars. Il convient désormais d’utiliser le nom de Vaxzevria pour parler de ce sérum.