Nouveau protocole sanitaire dans les écoles: le gouvernement, coupable d’un «déni de contamination»?

© AP Photo / Francois MoriJean-Michel Blanquer
Jean-Michel Blanquer - Sputnik Afrique, 1920, 29.03.2021
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Face à la hausse du taux d’incidence en France, le gouvernement a réagi. Dans les dix-neuf départements confinés, les classes fermeront dorénavant «au premier cas de contamination» par le Covid-19. Une mesure jugée insuffisante par certains parents d’élèves, qui dénoncent un simple retour au protocole de septembre dernier.
«Ce n’est absolument pas suffisant», tonne le collectif de parents École et Familles oubliées, qui ajoute: «Parler de renforcement du protocole est inacceptable, à part si l’on considère que c’est un renforcement par rapport à tous les allégements, non justifiés, qui ont été faits.»

Face à la hausse des contaminations à l’école, Jean-Michel Blanquer a annoncé la mise en place d’un nouveau protocole sanitaire, vendredi 26 mars. Dorénavant, dans les dix-neuf départements reconfinés, les classes des maternelles, du primaire et des lycées fermeront «au premier cas de contamination détecté» pour «une durée de deux à trois semaines», dès ce lundi 29 mars, a expliqué le ministre.

​Auparavant, il fallait trois cas positifs détectés parmi les élèves, excepté dans le cas du variant sud-africain, où un cas entraînait une fermeture. Le nouveau dispositif va «nécessairement signifier plus de fermetures de classes dans les prochains jours pour ceux qui sont concernés», a concédé le ministre. Or l’ancien directeur de l’ESSEC s’était évertué jusqu’alors à éviter cette mesure.

Mais cet infléchissement ne suffit toujours pas, fustige le collectif École et Familles oubliées: «Cela devient vraiment une obstination criminelle, car ça met en danger les enfants, les personnels, les familles.» Une accusation forte, mais que les membres de l’association expliquent par la crainte de voir leurs enfants être contaminés.

«On ne parle pas suffisamment du risque pour les enfants. On sait que les formes graves sont relativement rares, mais elles existent, ce sont des drames individuels. Il y a des risques de symptômes prolongés pour les enfants et pour les familles elles-mêmes», déplore le collectif.

Sûrement conscient de cette détresse et du risque sanitaire, Emmanuel Macron a quant à lui assuré au JDD que «la fermeture des écoles ne saurait être un tabou», ajoutant qu’elle devait «demeurer un dernier recours et une mesure limitée [...] dans le temps».

Entêtement du gouvernement

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Une volonté de laisser ouvrir les écoles qui ne devrait pas être payante. En témoigne la hausse du nombre de classes fermées: de 2.018 une semaine auparavant contre 3.256, sur les 528.400 que compte le pays. Au lycée Eugène-Delacroix à Drancy (Seine-Saint-Denis) par exemple, vingt-deux classes sont fermées ce lundi 29 mars à cause d’une situation sanitaire qui se détériore. Les professeurs ont, d’ailleurs, exercé leur droit de retrait pour signifier leur mécontentement.

De surcroît, dans le reste de la France la tendance est également à la dégradation. Depuis le 1er janvier, sur la tranche d’âge des moins de 9 ans, le taux d’incidence a été multiplié par 4,6 et pour les 10-19 ans par 3, alors que pour le reste la population il n’a que doublé, selon les données du site CovidTracker.

© Photo CovidTrackerCapture d'écran site CovidTracker - Taux d'incidence du Covid-19 en fonction de l'âge (Nombre de cas positifs pour 100.000 habitants sur une période de 7 jours)
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Capture d'écran site CovidTracker - Taux d'incidence du Covid-19 en fonction de l'âge (Nombre de cas positifs pour 100.000 habitants sur une période de 7 jours)

Pourtant, depuis plusieurs mois, parents d’élèves et syndicats d’enseignants alertent sur une possible flambée des contaminations. Ils plaident notamment pour la mise en place de mesures de prévention et de surveillance comme la massification des tests de dépistage, la prise de température chaque demi-journée ou encore l’installation de purificateurs d’air et de capteurs CO2.

​Comment expliquer que l’exécutif n’ait pas donné suite à leurs doléances? École et Familles oubliées n’y va pas par quatre chemins: «Le gouvernement est responsable d’un déni de contamination dans les écoles jusqu’à il y a très peu de temps.»

«Ils [les membres du gouvernement] ont très récemment admis que la transmission du virus se fait à l’école puis de l’école vers les familles. Et lorsqu’ils le reconnaissent, ils ne font rien de plus pour protéger les élèves, le personnel et puis toutes les familles», tonne le collectif.

Cependant comme l’explique École et Familles oubliées, pour les familles qui ont vu leur classe fermer, c’est un soulagement teinté d’inquiétude.

«Effectivement, énormément de parents nous appellent pour nous demander ce qu’ils peuvent faire pour ne pas mettre leurs enfants à l’école, beaucoup veulent retirer leurs enfants, mais ont peur car certaines écoles mettent beaucoup de pression aux parents en rappelant tout de suite le cadre pénal et administratif sur l’absentéisme», détaille le collectif.

En outre, se pose la question de la «continuité pédagogique». En effet, si les parents prennent la décision unilatérale de retirer leur enfant de l’école, ils ont le devoir de veiller sur leur progéniture en termes de santé et de pourvoir à l’enseignement en lieu et place de l’institution scolaire. C’est le principe même du droit à l’éducation.

«On est donc pris en otage», conclut le collectif.
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