L’affaire Mila n’en finit plus de faire des ricochets sur les réseaux sociaux. Floriane Gouget, étudiante de vingt ans qui avait soutenu l’adolescente victime de harcèlement, a en effet vu son compte suspendu sur Twitter, rapporte Le Point.
La plateforme lui reproche d’avoir posté une photo de profil qui la montre tenant un exemplaire de Charlie Hebdo sur lequel figurent notamment des caricatures de Mahomet. Une photo qui véhiculerait une «imagerie haineuse» et contreviendrait aux règles du réseau social.
Visiblement @TwitterFrance condamné toujours les victimes ?
— Dernier Espoir (@espoir_dernier) March 26, 2021
Visiblement pour @TwitterFrance les caricatures de @Charlie_Hebdo_ sont haineuses ?
Des gens sont mort à Charlie ! @marika_charlie @AramaValentine @CarolineFourest @ZinebElRhazoui https://t.co/xVKCpJE4w3 pic.twitter.com/ZdRiVkAqBv
Après quelques heures, la plateforme a finalement rétabli le compte de la jeune femme, alors que l’association Dernier espoir, dont elle est vice-présidente, menaçait de porter plainte, d’après Le Figaro.
Soutien de Mila
Auparavant, Floriane Gouget avait elle-même été victime de messages haineux sur les réseaux sociaux, elle qui est un soutient de longue date de Mila avec qui elle a fini par se lier d’amitié. Une vidéo publiée en novembre dans laquelle elle prend la défense de son amie lui a valu une vague de harcèlements en ligne. Un internaute se serait même renseigné sur son adresse.
«Au début, j'ai essayé de répondre, car je suis quelqu'un qui aime le dialogue, mais je me suis vite rendu compte que ça ne servait à rien et qu'il y a des gens qui n'entendent rien», confie Floriane Gouget au Point.
Rebelote en mars, avec un nouveau raid numérique suite à une vidéo postée sur Twitter dans laquelle elle dénonce «les haineux, qui croient que les lois de la République sont en dessous de celle de leur Dieu».
Nous réagissons suite à la suspension du compte Twitter de notre camarade #Mila.
— Dernier Espoir (@espoir_dernier) March 14, 2021
Nous trouvons la censure de #Mila inacceptable.
«Les victimes de harcèlement sont bannis quand les harceleurs restent impunis!»
Nous n’avons pas peur! @ZinebElRhazoui @marika_charlie @CarolineFourest pic.twitter.com/KpDyOqz2hJ
Des harcèlements à répétition qui ont poussé la jeune femme à porter plainte une trentaine de fois. L’étudiante a finalement été contactée par le cabinet de Marlène Schiappa pour l’aiguiller dans ses démarches.
La modération de Twitter en question
Mila avait elle aussi été suspendue temporairement par Twitter le 15 mars pour «harcèlement», alors qu’elle avait posté sur la plateforme un dessin de pain au chocolat qui lui avait valu une nouvelle salve d’insultes et de menaces. Des personnalités politiques comme Marlène Schiappa, Éric Ciotti ou Marine Le Pen s’étaient alors mobilisées en faveur de l’adolescente, pointant l’action du réseau social. La chef de file du RN avait alors accusé Twitter d’avoir basculé dans «le camp des ennemis de la démocratie»
En fermant le compte d’une jeune femme harcelée et menacée par les islamistes, #Twitter a choisi le camp des ennemis de la démocratie.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) March 15, 2021
Il est temps de protéger la liberté d’expression face au pouvoir exorbitant de ces plateformes privées et leurs abus répétés ! MLP #Mila
À cette occasion, le collectif Dernier espoir avait également publié une tribune dans Marianne pour prendre la défense de Mila. Les signataires s’interrogeaient notamment sur le rôle prioritaire des algorithmes dans la modération de Twitter.
La plateforme à l’oiseau bleu a en effet automatisé une partie de sa modération en 2017. À l’époque des voix s’étaient déjà élevées contre les risques accrus de «faux positifs», revenant à sanctionner des contenus qui ne devraient pas l’être.