Pour faire face à la troisième vague de l’épidémie de coronavirus, plusieurs pays européens misent sur la vaccination. L'UE a comme objectif d’immuniser 70% de sa population d'ici la fin de l'été. Mais les campagnes vaccinales semblent à la peine à cause notamment du manque de doses.
Ce jeudi 25 mars, les Vingt-Sept, qui se réunissent en sommet virtuel, devront aborder les difficultés d’approvisionnement en vaccins, comme l’indique la lettre d'invitation adressée par Charles Michel aux membres du Conseil européen.
«En ce qui concerne le Covid, la première de nos priorités est d'accélérer les campagnes de vaccination dans l'ensemble de l'UE. À cette fin, il convient d'intensifier les travaux en cours visant à accroître la production de vaccins, à augmenter les livraisons de vaccins et à assurer davantage de transparence et de prévisibilité des approvisionnements. En outre, nous nous pencherons sur les certificats Covid et sur la dimension internationale», indique la lettre en question.
Joe Biden est d’ailleurs convié au sommet. «J'ai invité le Président des États-Unis à participer à notre réunion et à faire part de son point de vue sur notre coopération future. Il est temps de reconstruire notre alliance transatlantique», a expliqué le Président du Conseil européen.
Pas besoin du Spoutnik V
Cependant, certaines figures affirment que le nombre de vaccins disponibles sur le Vieux continent suffira à sa population. Ainsi, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, a déclaré le 21 mars sur TF1 que l’UE pourrait atteindre l’immunité collective vers le mois de juillet grâce aux vaccins à sa disposition et n’aura pas besoin du Spoutnik V.
«Parce que nous sommes le continent qui a le plus grand nombre de vaccins, on en a maintenant quatre qui ont été autorisés par l’Autorité de santé, nous sommes le premier continent industriel maintenant en fabrication de vaccins [...] Alors nous n'aurons absolument pas besoin du Spoutnik V. Le Spoutnik V est un vaccin en complément», a-t-il dit.
Vladimir Poutine avait répondu que de tels propos semblaient protéger les intérêts de certaines entreprises au lieu de ceux des simples citoyens.
«Nous n’imposons rien à personne mais quand on entend ce genre de déclaration de la part de représentants officiels, la question se pose de savoir quels intérêts protègent et représentent ces personnes? S’agit-il des intérêts d’entreprises pharmaceutiques ou de ceux des citoyens des pays européens? De quoi s’occupent-elles [ces personnes, ndlr], de lobbysme?», s’est interrogé le 22 mars Poutine.
Le 23 mars, Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, a lui aussi abordé le sujet de la disponibilité des vaccins. Il a estimé sur Public Sénat que l'accès au médicament russe ne représentait pas une priorité, car «il ne faudrait pas qu’on se retrouve, à un moment, avec trop de doses».
Agir indépendamment
Face à la pénurie, certains pays tentent de régler le problème par eux-mêmes. La Hongrie, par exemple, a déjà autorisé le vaccin russe sans l'aval de l'EMA. Le 22 février, des colis contenant au total 100.000 doses sont arrivés dans le pays.
Mario Draghi, Premier ministre italien, cité par l'agence de presse italienne Adnkronos, a quant à lui fait comprendre que sans commande commune de l’UE, l’Italie pourrait faire preuve de «pragmatisme» et agir par elle-même. M.Draghi s’est d’ailleurs référé à la chancelière allemande. «Merkel m'a dit que si l'autorité européenne approuvait le vaccin Spoutnik, c’était très bien. Si cela ne se produit pas, il en sera autrement: il faut du pragmatisme».
En France, les voix s’élèvent aussi en faveur du Spoutnik V. Parmi celles-ci se trouvent Jean-Luc Mélenchon, président du groupe La France insoumise, Christian Estrosi, maire LR de Nice, ou encore Jordan Bardelle, vice-président du RN.
Les USA «ont plus d’ambition que nous»
Dans une interview à la télévision grecque le 24 mars, Emmanuel Macron a rendu hommage à l'efficacité de la stratégie vaccinale américaine, en reconnaissant ne pas avoir «pensé que ça irait aussi vite».
Sur la campagne de vaccination contre le Covid-19, l'Europe «est un peu un diesel» qui «démarre lentement» mais «va loin», a estimé le Président français.