Détruire comme une thérapie: où en est l’industrie des «fury rooms» en France? - vidéos

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Miettes de verre - Sputnik Afrique, 1920, 25.03.2021
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Le concept des «rage rooms» ou «salles de casse», un moyen de casser en miettes, littéralement, son stress au moment d’une crise, vient des États-Unis, mais se répand aussi en France et ailleurs. Comment fonctionnent-elles et par quoi s’explique le regain d’intérêt à leur encontre?

Les salles de destruction étaient déjà répandues en Asie et aux États-Unis avant la pandémie, mais se sont avérées presque une nécessité lors de la crise sanitaire. Depuis la première apparition au Japon en 2008, où les employés japonais s’adonnaient à casser de la vaisselle, selon le Telegraph, elles se sont multipliées en passant par divers continents.

Mais si avant le Covid-19 les «rage rooms» étaient plutôt destinées à aider à se débarrasser du stress dans les relations quotidiennes, au travail ou en famille, la pandémie les a rendues encore plus précieuses, estime la thérapeute familiale Yashica Budde, interrogée par l’agence Associated Press.

En tant que thérapeute, elle se souvient avoir conseillé à ses clients d’essayer une thérapie alternative comme le yoga ou la méditation, mais a réfléchi finalement à mettre en place ses propres salles de casse en Californie.

Il y est proposé aux clients de porter un casque de protection et une combinaison jetable, de se servir d’un marteau, d’une batte de baseball ou d’autres outils pour évacuer sa rage ou sa frustration accumulée à cause des mesures restrictives. Il est permis de détruire tout ce qu’on voit autour de soi, fracasser des écrans, du matériel informatique, de la vaisselle, des bouteilles en verre, etc. pendant un laps de temps déterminé.

Ces derniers mois, la demande pour ce moyen de se défouler est en augmentation en Californie, note la presse locale. Pendant ses sessions «de rage», la thérapeute Budde observe ses patients et les conseille.

Moyen «contre-productif»?

Tout le monde ne partage pas l’avis sur la destruction thérapeutique de Mme Budde. Pour Kevin Bennett, psychologue et professeur de psychologie à l’université d’État de Pennsylvanie, «aller dans une salle de rage semble contre-productif» surtout en cas d’inclinaison agressive au départ.

«Je comprends l'approche thérapeutique», a-t-il pourtant reconnu à AP. «La philosophie derrière cela remonte à la psychothérapie freudienne il y a presque 100 ans, cette idée de catharsis, où l’on soulage son agressivité et sa colère et qu’on se sent mieux une fois qu’on l'a évacuée.»

Pièces de rage en France

Dans l’Hexagone, ce business de la colère s’agrandit également, pas sans créativité en ce qui concerne sa dénomination: la Fury Room dans la capitale, le Défouloir pour Lille, le Karnage Club à Toulouse, le Renkard à Portes-lès-Valence, l’Exutoire récemment ouvert au nord de Metz, à Ennery…

«Plusieurs formules sont proposées, à partir de 10 euros par personne avec un peu de vaisselle, 25 euros avec de l’électroménager à disposition et jusqu’à 200 euros pour des groupes de quatre à cinq personnes où on met en place une voiture. On a même un forfait qui s’appelle la faute au Covid pour taper sa rage contre la situation actuelle, car on en a tous marre», raconte au Parisien Michel Vicaire, qui est à l’origine de l’initiative de l’Exutoire.

Parmi ses clients figurent «des jeunes, mais aussi des plus âgés, il n’y a pas de profil, ils viennent se défouler et ressortent avec le sourire», précise-t-il au quotidien.

Dans la Fury Room à Paris, détruire dans un environnement adapté coûte 25 euros les 10 minutes, jusqu’à 140 euros les 20 minutes. Il est possible de réserver une chambre avec des objets de type cuisine, soit une pièce «toute équipée sur le thème bureau ou appartement». Il y a également une option «de défouloir mémorable» pour les 6-12 ans.

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Les Bordelais sont invités à lancer les haches, les habitants de Montpellier peuvent profiter d’une salle de destruction virtuelle.

«Le business est en plein essor», avait constaté aux Échos à l’été 2019 David Lafranque, PDG du réseau de salles Fury Room, créé en 2017 à Paris.

Une enquête analysant le marché des salles de colère, prenant en compte les développements dans les pays européens dont la France, a pointé un intérêt croissant des individus pour cette industrie et une augmentation de la demande globale sur la période de prévision 2021-2027.

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