Les passages aux urgences et le nombre d’hospitalisations des moins de 15 ans pour motif psychiatrique ont presque doublé depuis le début de l'épidémie de coronavirus, avec une hausse de 80%, a déclaré sur France Inter Angèle Consoli, pédopsychiatre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et membre du Conseil scientifique.
Elle estime que les enfants et les adolescents sont «des populations particulièrement vulnérables».
«Or quand un adolescent doit être hospitalisé parce qu’il y a un risque suicidaire majeur, par exemple, et […] que le jeune doit rentrer chez lui parce qu’on n’a pas de place, c’est particulièrement préoccupant et source de tensions pour nous, et assez douloureux», constate-t-elle.
Angèle Consoli relève également des «symptômes dépressifs» chez les plus jeunes liés au contexte sanitaire actuel, en particulier une tendance à la dépression chez les 12-17 ans, «avec des symptômes anxieux, dépressifs et des crises suicidaires».
Dans ce contexte, elle donne des conseils aux parents qui doivent être alertés par «certains signes», notamment «un changement de comportement».
«Si l’enfant est plus irritable, plus colérique, plus explosif, ou plus en retrait, qu’il s’isole […] Si cela arrive, il faut parler avec son enfant, quel que soit son âge, avec les mots adaptés. Lui demander ce qui l’inquiète, ce qui l’angoisse», souligne-t-elle.
Elle indique notamment que dans ce dialogue, il est important de «se projeter vers un avenir meilleur».
La crise n’épargne personne et touche aussi les plus petits.
«Dans le champ de la petite enfance (0-3 ans), il y a aussi une vigilance à avoir: on a vu augmenter les consultations pour retard de langage, troubles du sommeil, conflits intrafamiliaux», constate-t-elle.
La crise du Covid «ne fait qu’exacerber les difficultés dans un système déjà en grande tension» et «les préoccupations pour la santé mentale sont fortes».
Sonnette d’alarme
La crise du coronavirus ayant bouleversé le quotidien de millions de personnes, les psychiatres s’inquiétaient des conséquences de cette situation il y a déjà un an. En juin 2020, Pierre-Michel Llorca, du CHU de Clermont-Ferrand avait indiqué à France 3 que «plus le confinement dure et plus c’est compliqué d’un point de vue psychologique», ajoutant que les conséquences psychologiques étaient difficiles à modéliser «parce qu’on a jamais connu ça».
Quelques mois plus tard, en novembre, Marion Leboyer, responsable du pôle de psychiatrie des hôpitaux universitaires Henri-Mondor de Créteil et directrice de la fondation FondaMental, avait déclaré à France Culture que la crise affectait «toute la population», mais «plus particulièrement certaines parties», notamment les jeunes.